mercredi 15 septembre 2010

Viscéralement

J'en parle souvent. Je le nomme souvent. Mon ventre. Ce qui est viscéral (littéralement et littérairement). Mes tripes.

Je suis une femme de tripes. J'ai les tripes à vif. Comme un grand feu. Une infection qui m'envahit et se répand dans mes veines. Un brasier sans fin. un volcan. Une misère dans mon ventre. Tout me rattache à ce ventre. À ce viscéral. Je n'ai pas de demi-mesure. Je n'ai pas de limites. Je n'ai rien. Que des bras qui parfois se lèvent, essaient vaguement de me protéger le ventre, de le cacher. Mais la vérité, c'est que je prends tout en plein dedans. En pleine gueule je voulais dire, mais c'est plutôt en plein ventre en fait. Directement là où se cachent mes viscères.

Déjà adolescente, j'étais comme ça. Je parlais de mon ventre dans mes écrits. Je parlais de mes tripes, de mon sang, des mes os. J'ai une relation émotionnelle à mon corps vraiment très forte. Quand j'ai mal, mon corps a mal. Quand je suis bien, les douleurs s'estompent plus facilement. Et mon ventre, mes os aussi, c'est le pire. Mon ventre est un trou. Un vide. Un abysse. Le noir. Il est profond. Il est immense. On pourrait s'y perdre. Je m'y perds. Mon ventre m'avale. Fait de moi ce qu'il veut. N'a que faire de l'esprit qui tente de raisonner. Veut prendre la place, veut me violenter, veut me remuer les viscères jusqu'à la souffrance ultime. Mon ventre est coriace, exigeant, trop sensible.

Mon ventre m'épuise.

Je pourrais en parler longtemps. Le qualifier de tous mes maux. Lui reprocher tout. Lui demander de s'effacer. Le supplier de me laisser tranquille. Mais rien n'y fera. Je suis prise avec. Et mon ventre me guidera toujours. Me fera toujours faire des gestes extrêmes. Me fera toujours ressentir des sensations douloureuses. Provoquera toujours des tortures dans mes viscères. Je dois faire avec. Ça semble sans appel. Ça l'est. Mon ventre est là. Mon ventre, c'est moi. Je ne pourrai jamais m'en dissocier. Mon seul salut, c'est l'esprit. L'esprit pour parfois tenter un peu de le raisonner. Mais ça, c'est une autre histoire...

5 commentaires:

Jane a dit…

Eh bien, il t'en fait voir de toutes les couleurs :)

Anonyme a dit…

My god!!! J'en voudrais pas d'un ventre aussi envahissant! ;-)

Anonyme a dit…

C'est sensiblement la même chose pour moi mais moi j'appelle ça mon âme. Et moi non plus je n'y peux rien, je dois vivre avec. Comment s'en débarrasser? Impossible!

Sébastien Haton a dit…

Pour avoir eu mal au ventre à chaque fois que j'avais mal à l'âme, je te comprends.
Mais un jour, ça a cessé. J'ai appuyé sur l'interrupteur, j'ai dit non, stop, assez. J'ai demandé au corps et à l'esprit d'éviter de se blesser mutuellement ; je voulais au contraire qu'ils se soignent.
Ainsi que je l'écrivais hier sur un autre de tes messages, je crois que rien n'est irréversible quand il s'agit de nous-mêmes.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Jane : Oui. Toutes les couleurs. Et pas toujours les plus belles. Mais parfois aussi...
@Camille : Oui, mais toi, c'est juste pour une question de poids ! Ahahahah ! Mais bon, disons que je suis une émotive hein ! Si tu avais pas remarqué. ;)
@L'Ermite : Bah ! y'a l'âme aussi, le ventre, l'esprit, le coeur. On forme un tout. Au final, c'est pas si mal. Mais parfois, c'est pas reposant.
@shaton : Je sais pas... Je crois qu'on peut pas vraiment appuyer sur l'interupteur. Mais je comprends ce que tu veux dire. Et il est vrai qu'on peut essayer de limiter les dégâts. Mais il faut aussi savoir que ce ventre dont je parle, il est aussi littéraire. C'est un vide qui vient parfois me hanter au milieu de mon corps.