vendredi 10 septembre 2010

Aimer la douleur

***En réponse à That guy...‏ (qui ne voulait peut-être pas de réponse, mais bon...)***

Avant-hier, je l'avoue il m'a fait réagir le jeune homme. Et mal, je dirais. Pas son texte. Plus un commentaire qu'il a fait suite au mien (mon commentaire).

Au départ, je comprenais bien. Il parlait de crises de down qu'il a parfois. J'en ai de ces crises-là... Du moins, j'en ai eu plus souvent qu'à mon tour. Je lui ai alors conseillé de laisser aller, de le vivre comme quelque chose qui aide à remonter par la suite. Je lui ai dit qu'en acceptant ces moments comme un passage obligé, ça fini par s'atténuer, par avoir moins de force. Qu'il y en avait moins aussi. Jusque là, rien de mal. La vie n'est certes pas un long fleuve tranquille. La souffrance existe. Il faut savoir la vivre le mieux possible. Ne pas la banaliser, ne pas la refouler.

Ce qui m'a fait mal réagir alors ? "En même temps, j'adore ça. C'est dans ces moments là que je me sens vivant !"

Ça m'a agacé de lire ça. Fait réagir. Je me suis demandée pourquoi. Mais en fait, je le savais. Pourquoi faut-il donc à certaines personnes de se sentir mal pour se sentir en vie ? Bien sûr que dans ces moments-là, on ressent tout plus fort qu'autrement. Bien sûr que le corps, le coeur, la tête nous font mal. Bien sûr, que quand tout nous fait mal, je suppose, je peux concevoir qu'on se sent plus en vie. Je l'ai vécu.

Mais non.

Non, non et non. Il ne faut pas vivre la souffrance comme quelque chose de précieux. Il ne faut pas la vivre comme si on la chérissait. Parce que si on fait ça, on la recherchera, inconsciemment peut-être, cette douleur. On voudra la reproduire pour avoir un trip, son fix. On voudra qu'elle revienne pour sentir qu'on n'est pas mort. Mais, ce n'est pas ça la vie. Il y a tellement d'autres moyens de se sentir en vie. Prendre soin de soi, s'affirmer, avoir confiance, poursuivre ses projets et ses rêves... Il y a mille et une façons positives de sentir pleinement vivant. Des façons autres que la souffrance. Alors de lire ça, ça m'a choquée. C'est comme une éloge à la souffrance. Je veux bien qu'on l'accepte. Puisqu'elle existe, elle est là, que parfois ça arrive, la vie est moche. Mais je ne veux pas qu'on l'élève plus haut qu'elle ne le mérite. Parce qu'un début de sérénité, ça aussi, ça fait sentir vivant. Et ça n'est pas dommageable. Au contraire.

Voilà That guy ce que j'avais à dire ! Je ne t'accuse surtout pas. Tu es jeune. ;) Mais je voulais en parler. Parler de ça. De cette recherche du malheur. Pour penser qu'on est vivant. D'ailleurs, j'ai déjà une autre idée de texte dans le même genre.... Anyway, ça me semblait un peu long pour te répondre le tout dans un autre commentaire direct sur ton blogue ! Héhé !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ajoute une parenthèse a ton texte :
Parfois, quand on a vécu beaucoup de moments bad dans notre vie, on essaie de façon inconsciente de le créer à nouveau car c'est un pattern qu'on connaît et même si c'est mauvais pour nous, ca peut être rassurant...
S'agit de briser pattern et on sait tous que briser un pattern n'est pas évident.
Mimi

Sébastien Haton a dit…

Tes mots sont familiers à mon cerveau. Je reconnais qu'à 20 ans, j'érigeais mes douleurs comme des raisons de vivre. J'ai compris après que c'était une façon d'attirer l'attention des autres : "Hé ! regardez ! Je souffre, j'existe, vous me voyez ?"
Tout a changé. J'aime attirer l'attention par ma joie de vivre. Et surtout, c'est meilleur pour la santé... des autres. Éviter de souffrir, c'est aussi être généreux.

Jean-Seb a dit…

Je crois qu'on s'est mal compris, où plutôt que j'ai mal expliqué mon point de vue. Ce que j'aime, c'est le coup de fouet que ça me donne, pas la douleur (beurkk, non, je suis bien trop douillet :P). C'est un peu dur à expliquer, en gros, ce que j'aime là-dedans (pas au point d'aimer ça être down, mais plutôt si j'essaie de voir le "bon" côté), c'est le coup de pied au cul que tu te donnes pour sortir de ta léthargie. En souhaitant que ce soit plus clair un peu (même si c'est pas clair du tout ;) ).

L'impulsive montréalaise a dit…

@Mimi : C'est tout à fait vrai ce que tu dis. Un pattern est rassurant, connu. Comme une vieille couverture. Alors, parfois, il est si facile de s'y glisser de nouveau. Mais, et c'est difficile, il faut apprendre à dépasser tout ça. Parce qu'il n'y a comme ça qu'on réussira peut-être à avoir un résultat différent.
@shaton : C'est vrai que la souffrance peut être une façon d'attirer le regard des autres. Regard qui se fait trop absent sinon parfois... Malgré tout, et je suis complètement d'accord avec toi, il est beaucoup plus agréable d'attirer le regard des autres par notre joie, notre bonheur. Et ce regard-là est souvent plus sincère. Et il reste quand la joie n'est pas là. Parce que les fondements sont solides.
@That guy, le douillet : Oui, j'avais quand même un peu compris ce que tu disais. Que le coup de fouet après était ce que tu appréciais. Mais j'ai pris ton propos parce qu'il disait aussi autre chose. Parce quelqu'un aurait pu l'écrire et aimer la douleur aussi. Parce que certains le font. Et que je veux dénoncer ça. Et que bon, je suis moralisatrice ! ;) Ahahahaha ! J'rigole.