dimanche 26 septembre 2010

Le loup qui voulait tuer la beauté du monde‏

Il était une fois une petite fille. En fait, ce n'était plus une petite fille, mais elle avait conservé la candeur de la jeunesse et quelques espoirs que seuls les plus jeunes ont. Donc il était une fois une petite fille. La petite fille était gentille, douce, un brin naïve. Elle avait beaucoup de rêves et d'envies en suspens. La petite fille avait en effet connu une vie parfois difficile, mais sentait que, tranquillement, le poids des années apportait un peu de sérénité dans son petit sac. Elle avait quand même semé quelques miettes de pain en chemin pour retrouver ses douleurs et ses apprentissages au cas où. Dans la vie, on se sait jamais.

La petite avançait donc doucement sur le chemin. Ses pas étaient petits, mais assurés. Allez savoir ce qui l'a conduite dans cette forêt. Un excès de confiance peut-être. L'impression, bien que non fondée, que se cachait là quelque chose de magnifique. Il y a que, voyez-vous, la petite fille était fascinée par les forêt sombres et par les grands méchants loups. Au point d'aimer courir après eux. Comme une petite gamine écervelée.

Ce jour-là, le loup avait un air rassurant. Un air doux et gentil. La petite fille ne s'est pas méfiée. Elle l'a suivi. A fait son petit chemin en gambadant sans savoir, ni même se douter de ce qui l'attendait. Tout au plus y avait-il eu un courant d'air froid juste avant qu'elle entre au milieu des arbres. Ce n'est pas une histoire de petit chaperon rouge. Ne vous y trompez pas. C'est une histoire pire que ça. Le loup était peut-être moins mal intentionné que dans l'histoire du chaperon, mais la fin n'en sera pas jolie pour autant.

-Comme vous avez une grande bouche Monsieur le loup, a dit la petite fille.

Et encore d'autres admirations...

-Comme vous êtes gentil de m'accueillir Monsieur le loup, a poursuivi la fillette, enchantée.

Et le loup d'être gentil.

Non, ce n'est pas l'histoire du petit chaperon rouge, je vous dis. La petite fille ne portait pas de rouge. Et elle n'a pas fini dans le ventre du loup. Pas plus que la grand-mère ou qu'un chasseur qui passait par là. Ce n'est pas un compte pour enfant. Plutôt un pour adulte. Si la fillette a été mangée par le loup, l'histoire ne le dit pas. Mais assurément l'appétit en question n'aurait pas été pas de celle que le loup du conte avait pour le chaperon. C'est une histoire pour adulte, je le répète. S'il l'a mangée, c'est donc bien autrement. Alors, cessez de m'embêter avec ces basses considérations comparatives.

Toujours est-il que la petite fille a été obligé de se déprendre de l'emprise du loup. Un peu. Légèrement. Le temps d'un souffle. La vie qui voulait ça. Mais, rappelez-vous, la fillette a toujours été fascinée par les loups...

Sauf que celui-là, bien qu'ayant l'air gentil, ne l'était pas tant. La petite fille n'a pas fini dans le ventre du loup. Mais lorsqu'il l'a laissée partir, le loup lui a dit quelques mots. Il lui a fait comprendre qu'elle avait fait erreur de le trouver gentil. Il lui a dit qu'il voulait tuer la beauté du monde. Pas seulement qu'il voulait en fait. Il a dit qu'il tuait la beauté du monde et il l'a fait. Puis, il a fermé la porte de la maison. Sans peine pour la petite fille. Et en s'assurant de bien tirer les verrous. Voilà comme il était méchant le grand méchant loup !

Alors, la petite fille est repartie. Sans comprendre. Sans savoir comment on pouvait en arriver à vivre dans les bois et à vouloir tuer la beauté du monde. Sans savoir comment réanimer la beauté du monde pour le loup. En trouvant ça triste de l'ignorer. Mais bien déterminée à retourner le long de ses miettes de pain pour retrouver sa beauté du monde à elle. Celle qu'elle commençait à apercevoir avant de s'égarer en chemin.

La petite fille, cétait moi.

11 commentaires:

Marico Renaud a dit…

Magnifique! Que tu écris bien! Texte vraiment touchant et qui m'a laissé songeuse et...admirative.

L'Accro des listes a dit…

Touchant et si bien écrit....

Yzabel a dit…

J'en ai déja rencontré des loups comme ca t'inquiète ils deviennent vite chose du passé...

La Brunette a dit…

Encore une fois, ta plume me sidère. Quelle façon d'écrire! Je le dis souvent, mais rare sont les blogueurs qui pourraient publier un livre. Tu fais partie de ceux-là :)

La compulsive a dit…

Aux loups! Aux loups!Ne deviens pas comme le petit qui criait aux loups n'ont plus ma chéri. Ils y en a qui se cherchent une louve sérieuse.

Anonyme a dit…

Ce n'est pas tout les gentils loup qui porte un masque. J'espère que tu en rencontreras un, un jour, sans masque. Touchant comme texte, bien qu'un peu triste.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Marico : Merci beaucoup de ces jolis compliments. C'est toujours un plaisir pour moi de toucher les gens.
@L'Accro : Merci ma chère.
@Yzabel : Oui, c'est pour ça que j'écrivais au passé. La forêt est pleine de loups. Mais je sais me défendre ! Héhé !
@La Brunette : Et tu sais le pire ? Puisqu'on est entre nous ? (ahaha). Au niveau écriture, ce n'est pas mon texte préféré. Alors imagine les autres. :) Mais merci beaucoup de tes éloges. Elles me font grandement plaisir.
@La lectrice : C'est moi ça la louve sérieuse ?? Hihihi ! Mais je comprends ce que tu veux dire. C'est gentil.
@conciliabule : Je l'espère aussi. Et merci. Et oui, un peu triste le texte. Parce que la vie, ça l'est parfois. Mais la finale en est une d'espoir.

Anonyme a dit…

Mais je je comprends rien!!! Pourquoi elle n'était pas en rouge? Elle n'aime plus le rouge? La grand mère elle va bien? Et le chasseur, il avait un fusils ou pas?
Bein non... Très belle histoire!

L'impulsive montréalaise a dit…

@redbee2 : Naaaaaah ! :-P Niaiseux. Mais merci. T'es gentil.

Sébastien Haton a dit…

Moi ça me rappelle l'histoire de l'humain qui voulait détruire la beauté de la forêt.
Faut pas embêter les loups, c'est pas leur faute.

L'impulsive montréalaise a dit…

@shaton : J'embête pas les loups. Je les fais jouer les rôles d'humains, voilà tout ! Parce que ça colore bien une histoire. Héhé !