vendredi 30 juillet 2010

Ce qui nous manque‏

Le trop de quelque chose est un manque d'autre chose.               
Proverbe arabe

De nos jours, dans nos sociétés de consommation à outrance, il faut toujours plus. Et par consommation, je n'entends pas là que des biens matériels. Tout est prétexte à consommation. Les objets, tout comme les émotions, les humains, la sexualité, les loisirs... Tout pour ne pas trop s'arrêter et se voir vivre. Car se voir vivre nous renverrait à nous-mêmes et à nos douleurs. Nous renverrait à l'essence même que ce trop de choses n'indique qu'un manque flagrant d'autres choses.

Mais de quoi manque-t-on ?

Je crois qu'on manque de vrai, de viscéral, de tripes fumantes. On se laisse avaler par la vie. Rien ne me rend plus triste que lorsque je vois des gars dans la vingtaine dans le métro le matin avec un habit. J'ai l'impression de voir des acteurs. Comme si ces hommes jouaient des personnages. Des personnages qu'ils n'ont pas nécessairement envie de jouer. Les femmes ne me donnent pas cette même impression. Peut-être, fort probablement, parce que je les regarde moins attentivement. Parce qu'au fond, hommes ou femmes, on manque tous de quelque chose. On se laisse tous avaler par la vie. Tous.

De quoi manque-ton ? De ce qui fera qu'au bout de notre vie, on pourra dire qu'elle aura été satisfaisante. D'amour, de relations vraies, de rêves, de passion, d'objectifs. La vie, c'est ce qui passe pendant qu'on perd de vue nos objectifs. Pendant qu'on perd notre temps à écouter la télévision, à regarder son ordinateur, à être trop fatigué pour avoir envie de faire quoi que ce soit. Au fond, ils ne nous manquent peut-être que deux choses : la volonté, une volonté à toute épreuve et un focus qui nous gardera en ligne directe avec nos rêves. Je ne sais pas pour vous. Mais j'ai l'impression que c'est ça. Alors, on attend quoi ?

8 commentaires:

Marie-Eve Desjardins a dit…

Il nous manquera toujours quelque chose... peu importe qui nous sommes et ce que nous voulons. L'herbe est toujours plus verte chez le voisin et, à moins d'être un hippie vivant de l'agriculture en commune qui se parfume au patchouli et porte des sandales brunes, et bien ce sera toujours le cas.

Malheureusement.

Le vrai... Oui, tellement. Ce que j'aime l'authenticité, mais elle tellement difficile à saisir par moment.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Marie : C'est horrible quand même ce besoin continuel de toujours plus. Mais je suppose que tu as raison... Toujours en état de manque.
Possible que le vrai soit difficile à saisir. Je crois que c'est la méchanceté qui fait ça. Quand on est vrai, ce n'est pas toujours bien reçu. Même si on est vraie de gentillesse.

Audrey a dit…

Au "vrai", je préfère le "naturel": ce qui coule, va de soi, ce qui fait du sens, et ce dans quoi on se sent automatiquement à l'aise. La "vérité" en tant que notion a une tendance à l'universalisation que je n'aime pas. Le naturel varie d'une personne à une autre. Peut-être que, pour toi, ce ne l'est pas, d'avoir vingt ans et de porter un habit... Mais je me souviens d'un ami qui était gérant d'un pub à dix-huit ans et qui occupait deux autres emplois en même temps, tout en complétant son DEC, puis son bacc. Maintenant, il a 24 ans, occupe un poste d'administrateur et, après avoir accumulé les conquêtes, est maintenant très heureux comme père de famille. Pour lui, tu vois, c'est ça, qui fait du sens. (Et je me souviens que mon cheminement en littérature lui apparaissait insensé.)

Personnellement, je ne vois pas où est le problème à chercher l'amélioration de sa situation. Je crois qu'effectivement, nous pouvons obtenir plus, et mieux, dans plusieurs cas. En comparaison, la fameuse pensée québécoise traditionnelle d'être "nés pour un p'tit pain" et de s'en contenter, me déçoit bien davantage. J'veux pas faire une apologie du capitalisme, loin de là, j'veux juste qu'on reconnaisse que la volonté de changement n'a pas que des côtés négatifs. À mon avis, nos choix doivent être mis à l'épreuve, pour demeurer significatifs, pour qu'on désire les conserver.
Avec le temps, on finit nécessairement par se dire: fuck, je suis bien, ici, avec ces gens, dans cette situation, y'a peut-être mieux ailleurs, mais j'm'en fous: j'y reste.

Sébastien Haton a dit…

J'ai fierté à dire et à penser que ma vie actuelle ne correspond pas du tout à ce que tu décris. Sans doute parce que je suis allé au bout de mes choix et de mes aspirations : vivre en pleine nature, écrire des livres, boire de l'eau fraîche et manger de l'amour.
Tu n'as pas tort quand tu dis que c'est peut-être "une volonté à toute épreuve et un focus qui nous gardera en ligne directe avec nos rêves" qui peuvent nous sauver.
Car pour garder le bénéfice de mes choix, je dois aussi serrer les dents, croire en l'avenir parfois de façon irrationnelle, et conserver ma volonté et mon focus envers et contre tout.

Pour autant, je ne conseillerais pas à tout le monde de "tout lâcher pour vivre ses rêves" parce que le résultat est totalement imprévisible. L'existence est un équilibrisme permanent.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Audrey : Il est clair que tu n'as pas tort sur ces jeunes hommes que je croise. Ce n'est pas tant un jugement qu'une impression qu'il me donne. Mais une impression n'est pas une vérité en soi. Il est donc fort possible que je me trompe.
Pour ce qui est d'améliorer son sort, je te seconde aussi. Ce que je condamne, c'est cette incapacité chronique de plusieurs (dont moi-même) à s'avouer pleinement satisfait de son sort. Oui, il est normal de vouloir améliorer notre vie. Mais doit-on se déclarer pour autant insatisfait de ce qu'on a ?
@shaton : Tu as raison d'avoir fierté à le dire. Et comme tu le dis si bien, ce n'est ni facile ni simple. Il faut une volonté et un focus hors du commun. Et sûrement aussi un peu de chance. Je te souhaite que ça continue ainsi. Longtemps, très longtemps.

Audrey a dit…

Je ne crois pas, en effet, que l'on puisse être "pleinement satisfait de son sort", mais je pense quand même que nous pouvons en être relativement heureux, et le reconnaître. Pendant une discussion, l'autre soir, mon copain m'a dit qu'il avait ce sentiment ces temps-ci, qu'en gagnant de la maturité, on finit par voir que certaines choses sont précieuses, qu'on le sent, et on désire les "conserver". Pas sûr que ça résiste au temps, mais déjà, d'en avoir l'envie, c'est pas trop mal ! J'aime bien considérer mon couple, mes amitiés, mes études comme des projets, comme quelque chose à (re)faire. Ça me semble plus dynamique, ainsi, et beaucoup moins tragique. Et puis, nous pouvons prendre autant de temps que nous voudrons, non ?

Sébastien Haton a dit…

merci beaucoup à toi. :)))

L'impulsive montréalaise a dit…

@Audrey : Voilà, le reconnaître comme tu dis. Ce n'est pas tout le monde qui est capable de reconnaître tout le positif ds sa vie. Et oui, tout est toujours un "work in progress". C'est la beauté de la vie.
@shaton : Fait plaisir !