Tantôt, pleine de bonnes intentions, j'ai sorti mon manuscrit. J'avais envie d'écrire donc je me disais que ça ferait l'affaire de plancher là-dessus. Mais le fait que je ne veux pas ré-écrire. Je veux juste écrire. Écrire jusqu'à ce que les touches de mon clavier n'existent plus. Écrire comme une dingue, comme une malade. Je ne sais pas ce que j'ai ces temps-ci. J'veux dire, j'ai toujours aimé écrire. Mais là, c'est une fièvre. Sauf que je ne peux quand même pas vous envoyer 10 billets par jour en pleine gueule ! J'écris des courriels, j'écris des billets, je louche en pensant à mon roman. Et je me dis que je devrais écrire autre chose. Pourtant, le roman devrait prioriser. C'est clair. Je ne sais trop rien. Juste la fièvre.
Mais je suis fébrile, je suis de feu, je suis emportée, j'ai le coeur qui bat comme un forcené. Ça fait quelques semaines que c'est comme ça. Pire encore depuis une ou deux. Ce sentiment, je le connais. Ce sentiment, c'est la vie qui veut m'emporter. Et moi, je ne sais pas trop comment me laisser faire. Car je me trouve parfois peu douée pour la vie. Est-ce que ça se peut ça ? En même temps, je ne me vois pas pire que les gens qui m'entourent. Je me bats comme eux, je lutte, je ris comme eux, j'exagère comme eux.
Exagérer... Je ne suis pas reconnue pour être modérée. Mon visage est expressif, mon corps, ma voix, mes mots.... Pourtant, je trouve parfois que je suis beaucoup trop endormie pour la vie. Parfois, j'ai envie de foncer dans des murs, de monter aux barricades, d'abattre tout sur mon passage, de vivre ma vie à m'en tuer d'épuisement. Mais on s'économise. Parce que c'est ce qu'on fait toujours. On se mets le mort aux dents. On se ralenti. Tout à coup qu'en allant plus vite, on se ferait mal. Mais criss, la vie, c'est ça. C'est se faire mal des fois oui, mais ce n'est pas fait pour s'économiser.
Des fois, je rage. Je pense à tout ce temps que je perds. Je pense à toute l'inutilité de trop de mes actions. Je pense au ridicules moments qu'on perd à rien faire. J'ai l'impression que ça me marque droit au coeur au fer chaud quand j'y pense. Une étampe de molle, de lâche, de paresseuse. Est-ce que j'habite bien ma vie ? Est-ce que je suis chez moi dans cette vie-là ? J'ai tellement plus de passion, de rage, de douceur, de violence, d'amour, de désirs, d'ambitions, d'envie de contemplation... Ça me rend malade, je vous dis. Les maudits freins qu'on se donne tout le temps. Les béquilles avec lesquelles on marche. Les sangles qui nous retiennent. Les peurs qui nous étreignent. Les douleurs qui nous caressent. Les morsures qui nous fracassent les os.
Je ne suis pas malheureuse. Je l'ai été trop longtemps. J'ai usé le malheur jusqu'à la dernière goutte. Là, c'est le vide. Parfois, la douleur encore. Mais souvent, la joie, l'espoir, le calme, la beauté. Et j'ai tellement le goût de m'en saouler. De prendre la bouteille de bonheur et de donner tout ce que j'ai. De laisser tomber les couvertures de frileuse, de laisser tomber tout le gris. Sauf que du gris, la vie m'en tend encore. Comme un piège. Et moi, je fais le parcours de la combattante. J'essaie d'éviter, je vois les pièges. Ce ne sont même pas des mines qu'on a tenté de dissimuler. Non, les mines sont là, claires, bien exposées, en plein soleil. Et y'a la vie qui me demande d'y mettre le pied. Et c'est tentant. Parce que le vide, c'est vide. Parce que la mine, ça explose. Parce qu'une explosion, ça remplit.
Et je suis là aussi, à ne rien savoir. À ne pas savoir comment me faire confiance. À ne pas savoir si mes méfiances sont des moyens de défense ou des instincts implacables que j'ai développé avec les années. À ignorer si je sais mieux que les autres. Je sais juste que je veux plus fort. Que je sens plus fort. Que j'aime plus fort. Que je me violente plus fort. Que je me saoule plus fort. Que je ris plus fort. Je fais tout en plus. En démesuré. Je l'ai déjà dit sur un petit bout de cette toile personnelle, j'ai la mesure de mes démesures. J'ai appris à être plus grande que ma nature. Mais prisonnière pourtant de cette grandeur que je ne laisse pas se déployer comme elle le souhaite.
Je pourrais écrire encore, encore, encore. Mon chat fait sa toilette collé sur ma cuisse, la musique joue, je chante quelques mots avec elle, la lumière de mon salon est vive, le bruit de mes doigts sur les touches est quasi hynoptisant. Je pourrais écrire des heures. Mais pourtant ça ne suffirait pas. C'est plus que ça qu'il me faut. C'est un coup de vie en pleine gueule qu'il me faut. Oui, un coup de vie en pleine gueule. Parce que je l'aime la vie. Je l'aime à m'en faire mal.
vendredi 27 août 2010
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10 commentaires:
Euh... juste wow!
Je me sens tellement comme ça moi aussi, ces temps-ci. D'ailleurs, j'ai écrit un billet sur le même thème, aujourd'hui même! Mais tes mots sont vraiment plus justes. Vraiment plus sereins aussi, il me semble.
Je te souhaite ce coup de vie de tout mon cœur. Fais juste attention qu'il ne te laisse pas trop de bleus;)
Vous seriez pas un signe de feu par hasard? En tout cas, tous les indices sont là.
Quant à ré-écrire, visiblement pas prête. Il est vrai que ce n'est pas le même souffle de nouveauté. Il faut de la discipline, il faut vouloir le but, alors que vous aimez, pour l'instant, le moyen. Et c'est très bien, vous en usez avec plaisir et pour notre grand plaisir de vous lire.
... je ne pourrais rien ajouter ...
Wow, comme disent les gens de par chez toi :-))
C'est chouette à lire, quel que soit le message sous-jacent.
Beau, beau, beau! Touchant! Contente d'avoir découvert ton écriture toi! Superbe...
Mautadine, je pense qu'on se renvoit la balle quant aux textes qui nous rejoignent!
C'est tellement bien dit... et tellement vrai... et qu'est-ce que je fais encore devant mon ordinateur, il y a la vie qui m'appelle! ;)
@La Grande Affaire : Je suis contente que ça te rejoigne. Merci pour tes compliments. Et oui, il se peut que ce soit un brin de sérénité dans tout ça. Je suis de mieux en mieux avec moi-même et avec la vie. Et ça, ce n'est pas quelques bleus qui me l'enlèvera. J'espère quand même qu'il n'y en aura pas trop. Et je te souhaite la même chose.
@ClaudeL : En fait, mon manuscrit est déjà en cours de correction. J'en ai corrigé plus de la moitié du premier jet. Mais hier, ç'aurait été trop. Contente pour votre bon plaisir à tous et pour le miens, puisque je n'étais pas avare de moyen.
@Isabelle : Parfois, c'est comme ça. Je le prends comme un immense compliment.
@shaton : Merci. Gentil. :)
@Ma mère était hipster : Que d'éloges. Je les accepte et te remercie de tout coeur.
@Ariane : Ahahaah ! Oui, bien vrai. On semble avoir quelques points communs dans nos façons de penser et où nous sommes rendues dans la vie.
Cours alors. Mais tu sais, aussi bizarre que ça puisse pareil, la vie commence devant un ordi. Quand on lit un billet qui nous fouette les sangs par exemple. :)
Arrêtons d'écrire notre vie et vivons là !
Billet fouettant et revigorant.
(je sais arrêter d'écrire, c'est arrêter de vivre...)
Tu sais, je me sentais tellement comme ça quand j'attendais ma greffe de poumons. J'avais toutes ces envies qui me prenaient de tous les côtés et que je ne savais comment contrôler, et surtout que je ne pouvais pas vivre. J'attendais de pouvoir vivre. C'est pour ça qu'il faut y aller à fond pendant qu'on en est capable, pendant que toute cette énergie nous pousse. Merci pour le beau texte.
@Green Head : Même pour moi qui l'ai écrit, je trouvais ça fouettant. :) Et puis, écrire, c'est quand même vivre aussi. Faut pas l'oublier. Héhé ! Mais faut juste lui laisser sa juste place. Pour continuer à vivre.
@Viv : Tu vois, ces quelques lignes me touchent encore plus. Parce que c'est vrai que la plupart des gens ont la capacité de. Mais s'empêche. Ce qui est tellement une perte. Versus ceux qui ne peuvent juste pas. Par capacité et qui doivent ronger leurs freins. C'est si triste. Merci pour le beau commentaire et le compliment. :)
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