Parfois, j'ai l'impression que je n'ai pas assez de voix.
Je voudrais plus de voix. En nombre. En puissance. Une voix qui gronde et explose.
J'en ai de la voix. On m'a souvent dit que je chantais bien. On réussit même à m'entendre par-dessus la musique d'un bar. Quand je hurle. Quand je balance tout ce que j'ai.
Mais j'ai l'impression que je n'ai pas assez de voix.
Je peux chanter à m'en écorcher les poumons. Je peux chanter à m'user les cordes vocales. Mais parfois, les poumons, je voudrais pouvoir me les vomir. Parfois, les cordes vocales, je voudrais pouvoir me les déchirer. Ça me monte du ventre, ça enfle dans ma gorge, ça résonne. C'est fort. Ça détruit. Ça s'affirme. Ça vit. Ça remue mes entrailles. Mais je voudrais me les expulser mes entrailles. Comme parfois j'ai envie de pouvoir mettre mon coeur, littéralement, sur le papier lorsque j'écris. Je voudrais tout expulser dans quelques mots hurlés sur une mélodie banale.
Je peux chanter doucement. Je peux être un murmure. Mais parfois, j'ai ce besoin et aussi cette impression. Que je n'ai pas assez de voix. Pas assez de voix pour y arriver. Arriver à. Quelque chose. Déposer. Laisser aller. Vivre dans une chanson. Parce qu'à l'extérieur de ces paroles-là, à l'extérieur de cette musique-là, c'est le chaos. Parce que ça tourbillonne. Que le vent crie. Que les éléments sont déchaînés. Que la seule façon d'y arriver, de m'en sauver, c'est de me mettre les poumons en morceaux. Me les répandre en chairs sanguinolentes. Que c'est ça et seulement ça qui me gardera les pieds sur terre. Comme lorsque je cherche les mots, pour dire, pour faire résonner, pour toucher, pour avouer, pour troubler, pour chercher. Les mots pour n'importe quoi. La voix pour tout le reste.
J'ai trop. Trop de tout au coeur de moi. Mais pas assez de voix. Il m'en faudrait d'autres, des voix. Il m'en faudrait plus de la puissance. Il me faudrait une voix démesurée qui dépasse et désintègre tout. Une voix qui détruirait les murs. Qui reconstruirait les portes. Ou bâtirait un pont. Une voix qui enflerait et qui prendrait toute la place. Une voix pour calmer la tempête et me ramener au port. À bon port. Une voix. Plus de voix. Je manque de voix.
Et pourtant, comme j'en ai trop de voix...
samedi 2 octobre 2010
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4 commentaires:
mon dieu que tu es productive !
C'est qu'à force de hurler, il peut nous arriver de couvrir notre propre voix. Je vois bien ce que tu dis (avec talent), trop et pas assez, toujours trop et pas assez.
Il y a plus terrible encore...c'est de perdre la voix, de n'avoir plus qu'un filet de voix! Profite de ta voix! C'était magnifique de te lire.
@Moi : Héhéhé ! En fait, je ne le vois pas comme de la "production" justement. Je ne fais qu'écrire.... Et j'aime.
@shaton : Tu as raison là-dessus. C'est vrai que d'hurler, parfois, ça nous étouffe la vraie voix. À méditer.
@Marico : Perdre la voix. Je ne voudrais pas y songer. J'ai tant à dire, crier, hurler, murmurer. Merci Marico.
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