Les mots sont la plus puissante drogue utilisée par l'humanité.
Rudyard Kipling
Très tôt, j'ai trouvé ma drogue. Celle qui allait me suivre toute ma vie.
Les mots.
Je les ai trouvés dans les livres. J'ai lu, lu, lu. Comme une dingue. Je lis encore parfois ainsi. Comme une boulimique qui a peur de ne pas avoir assez lu. La satisfaction que j'ai, c'est de savoir qu'il y aura toujours des livres à lire. Que je pourrais y passer une vie. Je me rappelle des journées entières dans mon enfance passées à lire. Aller au toilette avec le livre, dîner avec le livre, souper avec le livre. Et émerger le soir, à la fin du livre, comme si j'étais dans un autre univers, en suspension dans la vie.
Ensuite, les mots je les ai trouvés dans l'écriture. J'ai écrit un "livre", j'étais fort jeune. Je n'écrivais même pas encore droit. C'était un petit cahier où j'ai mis de grosses lettres et où j'ai fait plein de dessins de chats. Oui, illustré le "livre". Ça a été vraiment beaucoup plus long pour arriver à écrire le deuxième... Mais je me souviens de ce premier livre. Pas de l'écriture, du processus. Mais si je fouille bien, dans une boîte, il me semble que j'ai conservé le résultat. De toute façon, le résultat, je l'ai dans mon esprit.
J'ai continué avec les journaux intimes. Des trucs pleurnichards au départ. Où je parlais de tous mes "kicks" de jeunesse. Où je disais qu'on ne m'aimerait jamais en retour. Où je chialais contre le rejet donc j'étais victime à l'école, le manque d'amis et la famille. Sur la couverture, il y avait Candy. Pas que j'aimais ce dessin animé. Je ne me souviens même pas l'avoir déjà écouté d'ailleurs. Mais on m'avait donné ce petit carnet, qui tenait dans une main et je le cachais sous le matelas dans ma chambre. Ou dans une petite boîte près de mon lit. Je le cachais précieusement.
Ça s'est poursuivi avec les poèmes. Des tonnes. Qui parlaient d'amour ou de mort. Que je faisais lire à une amie. Pour son avis sur mon "talent". Je me rappelle aussi les regards de pitié qu'elle me lançait lorsque que je lui en montrais un qui frôlait de trop près la laideur de mon esprit. J'ai toujours été intense et la poésie est intense en elle-même. J'avais donc des trucs larmoyants et épeurants dans tout ça. Vraiment.
J'ai aussi l'époque de quelques histoires. Je les commençais toutes. Ne les finissaient que rarement. Il y avait des fonds de Harlequin, des fonds de misère, des fonds d'adolescence...
J'ai découvert assez tôt aussi que le charme pouvait passer par les mots. Que quelques mots bien placés pouvaient faire tomber amoureuse parfois plus facilement qu'autrement. Oh ! bien entendu, il n'y avait pas que ça. Mais celui qui avait les mots avait plus de chance de réussir. Parce que les mots j'aime m'en gaver et j'aime qu'on m'en nourisse.
Puis, il y a eu ce soir. Je venais de me coucher. La lumière était éteinte. Je me suis relevée subitement. J'ai écrit une page et quart à la main. En me recouchant, je savais. Je savais que je tenais mon futur livre. Celui qui est en ce moment le manuscrit que je retravaille dans le but d'un jour réussir à le publier. Une certitude, un éclair ce soir-là. La meilleure certitude de ma vie.
Maintenant ? Vous le savez. Mon manuscrit, oui, mais ce blogue bien sûr. De la drogue dure ce blogue...
Vraiment, les mots sont ma drogue. Ai-je choisi une drogue douce ? Je l'ignore. Je n'ai pas eu le choix. C'était cette drogue-là qu'il me fallait pour la vie. Pour l'affronter, pour la vivre, pour la survivre. Je dis souvent que je je me demande où je serais si je n'aurais pas eu les livres... Et franchement, il vaut mieux que je ne sache pas la vraie réponse...
Et vous, votre drogue ?
mercredi 14 avril 2010
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8 commentaires:
Wow, très beau texte. Avant de répondre à ta question, je veux te souhaiter bonne chance pour ton livre. Je suis certaine que tu réussiras et que les maisons d'édition s'arracheront ton manuscrit.
La réponse à ta question, pour moi ma drogue, c'est le ski alpin. C'est ma passion, je me sens dans mon élément sur une montagne enneigée. Si j'avais assez d'argent, c'est probablement ce que je ferais tous les jours... Il neige toujours quelque part, il suffit de savoir où!!!
Lorsque j'enfile mes planches, je suis dans ma bulle et personne ne peut venir me faire passer une mauvaise journée, sauf moi-même. Parce que des fois, ça ne fonctionne pas et je fruste toute seule en dedans!!! Dans ce cas là, j'arrête et je retourne à la maison lire un bon livre. C'est ma deuxième drogue la lecture.
Bon, sur ce j'ai assez écrit, je te souhaite une bonne journée!
On doit se shooter à la même chose parce que j'ai la même drogue que toi...
Toutes mes idées sont prêtes pour mon livre...elles sont sur papier. Mais c'est de temps que je manque pour vraiment me lancer...
Ça et la peur de l'échec! :S
Tu dois être toujours "high".
À une époque, c'était l'écriture, la lecture, tout ce qui ce rapporte aux mots. J'accorde encore une grande importance aux mots, et comme toi, celui qui sait s'en servir a un avantage certain sur les autres. Mais depuis quelques années, les mots côtoient les images.
La photo, je ne pourrais plus m'en passer. C'est ma façon d'exprimer ce que je ressens, de le partager, de partager ma vision de ce qui m'entoure. Ça me donne accès à quelque chose d'unique, une vision particulière de la vie et du monde, une vision secrète, juste pour moi, que j'essaie de partager. Ça me permet de voir les choses différemment, de voir toute la beauté de ce qui m'entoure, de la vie en général, et j'aurais bien du mal à vivre sans. D'une étrange façon, la photo me permet d'entrer dans ma bulle et de m'ouvrir au monde, d'aller vers les autres.
J'ai eu l'impression que j'avais écrit ce texte. Jusqu'au bout qui parlait des histoires non terminer, des fonds d'adolescence. C'est entièrement moi. Des histoires écrites toute petite (je m'en souviens encore aussi), aux milles journaux intimes, passant par les poèmes et le reste.
La lecture, également. Des heures durant, coucher sur le divan, les pieds relevés et le sang qui manquait dans mes jambes qui picotaient. Les centaines de romans, de sagas, de biographies, de bandes dessinées que j'enfilais les uns après les autres.
J'ai vraiment eu l'impression de lire ma vie. Alors, je crois qu'on partage la même drogue.
@Juju : J'espère que tu as raison pour les maisons d'édition. Héhé !
Belle drogue le ski alpin ! Très sain !
@Sednah : Fais-le ! FAIS-LE ! Du temps, on en a pas besoin tant que ça. Le but c'est de commencer. Qu'importe si tu finis juste dans un an, ou 2, ou plus. Et difficile d'échouer en écrivant juste pour toi. C'est juste après, quand tu seras prête à l'envoyer que c'est plus risqué. Mais en l'écrivant, pas de danger !
@redbee2 : Euh ! Non. Je suis tombée dedans quand j'étais jeune. Même concept qu'Obélix. Mais les mots, ça peut être une drogue exigeante. Et les drogues, y'a des downs des fois. Mais c'est certain que je suis souvent high avec cette belle drogue-là ! :)
@Miss Candy : Je peux comprendre ton autre passion. J'adore aussi la photo. Dans une moindre mesure que les mots, ou le chant, mais beaucoup quand même. Souvent, je marche et ça se fait tout seul, je cadre l'image ! Héhé !
@La Brunette : Je lis ça et je le crois aussi, qu'on a des trucs de semblables dans nos vies. Quelle drogue enivrante et extraordinaire que les mots !
Pareil, les livres. Je me suis souvent aussi demandé s'il n'y avait pas un danger à s'immerger autant, un genre de fuite devant la réalité, une vraie drogue......
@lorent : Je ne crois pas non. Il s'agit de vivre dans la réalité. Mais de s'aider à endurer cette dernière. Et je crois que les livres sont loin d'être une drogue si dure comparée à plein d'autres.
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