mercredi 15 décembre 2010

La lumière du monde

Elles se regardent et savent qu'elles seraient moins seules à deux, mais ni l'une ni l'autre ne sait à quoi ça ressemble, un lien.      

Extrait de Je voudrais qu'on m'efface,
Anaïs Barbeau-Lavalette

Ce matin, j'ai failli pleurer dans le métro. En lisant ce livre, celui où j'ai pris cet extrait. Et c'est cette exacte phrase qui a failli me faire éclater. Il y a des livres comme ça, qui vous donne un coup de poing dans le ventre.

Lieu : Hochelaga, quartier de Montréal.

Ce n'est pas un livre parfait. Il plaira à certains, pas à d'autres. Moi, je l'ai eu dans la gueule. Je n'ai pas eu cette enfance-là. Enfance de misère, mère prostituée, père alcoolique, pas assez de bouffe sur la table... Mais quelque part dans mes tripes, j'ai reconnu un morceau de l'enfant que j'étais. Ça fait réfléchir un livre comme celui-là. Surtout quand on est dans une période de réflexion sur sa vie. Comme je le suis chaque année dans les environs de ma fête et de la nouvelle année. Je me demande. Ai-je fait assez de ce que la vie m'a donnée ? Parce qu'au bout du compte, la vie m'a donnée bien des choses si je me compare à ces kids d'Hochelag' dans le livre. Un livre de fiction, oui. Mais y a-t-il plus réel que la fiction au fond ? Ces kids, on les suit pendant quelques pas. On les voit aller et vivoter. Puis, ça se termine. Sur une note de violon. Rien de plus.

Ce soir, j'ai le coeur en petits morceaux. Je ne suis pas désespérée. Mais j'ai ça dans le ventre. Un ça non identifiable. Des émotions qui viennent à rien. J'aimerais faire quelque chose. J'aimerais pouvoir. Je peux probablement. Je suis jeune, je devrais chercher ma volonté. Mais parfois, la volonté, quand on part avec un ou deux bleus sur le coeur, on la cherche longtemps. On la perd de vue, même. Pis en même temps, la volonté, on en a plein les dents pis la gueule. Tempérament de battant(e).

Dans ce livre-là, y'a la misère. Mais y'a la beauté aussi. Et la lumière. Parce que la misère, quand on fouille ben gros, ça fait sortir la lumière du monde.

7 commentaires:

Juju a dit…

Wow, j'ai adoré cette phrase. Merci pour la suggestion, j'irai chercher ce livre à la bibliothèque pour le lire.

idmuse a dit…

Touchant témoignage sur un livre. Très joli.

Petite libellule a dit…

Sûr que tu peux faire quelque chose. Tu as beaucoup à apporter j'en suis certaine. Et tu sais, pour les bleus sur le coeur, un petit baume ne peut pas nuire...

Ð ♥ a dit…

Tu peux faire quelque chose j'en suis certaine. C'est important de prendre conscience du monde de misère qui nous entoure, de prendre son courage et sa volonté, et de foncer pour aider ces pauvres gens, autant enfants qu'adultes. C'est si proche de nous, et on s'enferme dans notre petit cocons de bien-être. Chaque année, rendue aux fêtes, je fais une épicerie de 100$ en cotisant avec mes parents pour donner en panier de noel. Un simple geste peut faire beaucoup de bien.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Juju : J'espère que tu aimeras. C'est écrit très québécois parler. Moi j'ai beaucoup apprécié. C'est touchant ! Donne m'en des nouvelles !
@idmuse : Merci beaucoup. C'est gentil !
@Petite libellule : Sûrement. J'ai le coeur grand, grand. Mais des fois, on se sent petite dans l'immense monde où on vit.
@Ð ♥ : C'est vrai que c'est trop facile de s'enfermer. Beaucoup trop. Dla misère de tous les genres, y'en a partout. Félicitations pour le beau geste.

Éphémère a dit…

Est-ce que tu as lu L'élégance du hérisson de Muriel Barbery ? Je pense qu'il te plairait ! C'est un livre surprenant, un livre qui te fait vivre des émotions, qui vient te chercher ! C'est un grand livre je trouves !!

L'impulsive montréalaise a dit…

@Éphémère : J'ai lu, oui. Ça m'a plu effectivement. Sauf que la fin m'a semblé trop brutale.