lundi 7 juin 2010

En offrande

J'ai les mains nues. L'offrande, c'est moi. Je n'ai rien de plus. Que moi. Pourtant, ça ne suffira pas. Ça n'a pas suffit.

J'ai donné. Tant donné. Mon coeur, mon corps et mon âme. Et tu as pris. Tout bouffé. Comme un affamé. Tu m'as lècher la moelle goûlument. Un ogre. Un vrai.

Encore maintenant, mes miettes, tu les veux toutes. Tu ratisses les planchers pour ramasser tous ces petits restes de moi. Pour m'avaler toute entière. M'éliminer. Toutes les miettes. Tu ne laisseras rien. Mais ce ne sera pas assez. Jamais assez. Il me manquera toujours ce quelque chose que j'ignore.

Alors je n'ai pas le choix. Je me bats. Pour sauver quelques morceaux de moi. Pour me reconstituer ne serait-ce qu'un peu. Pour essayer de ne pas disparaître.

Je suis l'offrande qui te fuit. Tu auras eu trop de peau. Je garderai peut-être mes os.

2 commentaires:

orangesky a dit…

Et parfois, on a l'impression que tout donner ne suffit toujours pas. Oui, je crois qu'il faut être égoïste parfois, toujours même.
Tes mots me poignardent, ce sont comme des miroirs dans lesquels on me forcerai à regarder pour voir au dedans de moi-même.
C'est vraiment beau ce que tu écris.

L'impulsive montréalaise a dit…

@orangesky : Non, tout donner ne suffit pas. Parce que pour l'autre, ce n'est pas tout.
Merci pour ce compliment magnifique et si bien exprimé. :)