J'ai deux ombres en moi. Deux ombres imprimées dans ma peau et dont je connais les moindres contours à la perfection. Deux ombres qui planent, me recouvrent, me courbent, me tuent à dose infime.
La première est plus vieille. Plus lourde. Plus dangereuse. L'ombre de celui qui m'a connue de trop près, trop brièvement. J'ai plié mon corps sous lui. Des baisers enfiévrés. Des regards de flammes. Des gestes trop parfaits. Des coups de couteaux dans le coeur et des lambeaux d'âme rejetés du revers de la main. Envoyés aux oubliettes des amants maudits. J'ai rempli des pages de mon sang pour lui. J'y ai ajouté des larmes. J'ai mélangé. Les couleurs étaient presque belles. La noirceur ne réussissait jamais à cacher complètement le peu de lumière qu'il y aura eue. Jusqu'à l'impensable. Une trahison qui n'en est pas une, mais qui se dédouble pourtant à l'infini. Mais le coeur est faible. Si faible. Surtout lorsqu'il veut aimer.
Il y a l'autre ombre aussi. Plus volatile. Plus éphémère. Une ombre qui partira vite. Mais qui m'aura fait peur au passage. Cette peur de se voir dans le visage et dans l'obscurité de l'autre. Reconnaître sa moitié d'orange pourrite quelque part sur une planète trop petite où tout fini par se mélanger et s'atteindre. Ne pas vouloir, mais vouloir quand même. Se figurer prendre ses jambes à son cou, mais se tromper de direction. Frapper un mur. Laisser mourir ce qui appelait déjà la mort au départ. Du vide et du vent qui ne méritait rien. Pas de l'amour amoureux. Autre chose. Qu'on ne sait trop comment nommer.
En fait, des ombres, j'en ai beaucoup plus que deux. J'en ai l'infini plus un. On en a tous un peu. Des ombres qui nous définissent. Qui nous apprennent. Qui nous tuent un peu en nous forçant à vivre. Des ombres d'envies d'aimer. Peu importe la teneur de cet amour.
jeudi 3 juin 2010
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3 commentaires:
T'écris bien, c'est touchant. C'est peut-être ma situation actuelle qui fait que ça m'fend l'coeur de t'lire comme ça... j'sais pas.
Desfois, on est bien, à l'ombre.
Un de tes plus beaux textes ça miss! :) Je serais tellement curieuse de voir ce que tout plein de petits bouts de texte de ce genre mis bout à bout donnent dans un manuscrit. Si tu peux te décider à le terminer et te trouver un éditeur on aura peut-être la chance de lire ça un jour! Hein?
@ramblings : Merci t'es gentille. Sûrement un mélange de ta situation actuelle et de mes mots. Quand un coeur prend la parole, ça ne peut que toucher au moins un peu je me dis...
@Camille : Merci beaucoup ma chère.
Quant au manuscrit, il prend un peu la poussière vu que j'écris tellement ici. Mais ça viendra. Et les éditeurs sont mieux de suivre quand je me déciderai !
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