jeudi 31 mars 2011

Quelques instants grapillés

Quelques mots griffonnés sur une feuille de papier avec archarnement. Quelques instants grapillés à la va-vite. De l'éphémère qui s'est envolé.

Une fois, juste une fois.

Ça laisse un goût dans la gorge. Un peu suranné. Il y a des époques qui nous refoulent dans le coeur.

Ça ne fait pas mal. C'est même plutôt doux. Une nostalgie dans le regard. Des souvenirs gravés dans l'âme. Ces choses-là, on les sait. On les devine. Ça s'inscrira dans le temps. Ça s'est inscrit dans le temps. Un battement d'ailes qui restera toute notre vie.

Ce qui marque n'est pas toujours choisi. Ça peut s'envoler bien vite.

Mais c'est ainsi. C'est comme ça que ça doit être. Certaines choses sont trop grandes pour qu'elles puissent suivre leur vie. Elles doivent naître doucement, brûler haut et partir presque tout de suite sur la pointe des pieds.

Une larme n'est pas moins intense parce qu'elle ne glisse sur une joue qu'une seconde. Un amour n'est pas moins beau parce qu'il n'aura survécu que quelques heures.

Ça aura duré le temps d'une chanson ou deux. Peut-être une dizaine tout au plus. Un étourdissement, une langueur. Tout dans les yeux. Presque rien dans les lèvres. Des mots. Aucun baiser. Quelques souffles. Quelques instants grapillés à la va-vite.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Euh ? Tu peux traduire s'il-te-plaît ?

Éphémère a dit…

Ça me rapelle une belle histoire vécue il y a longtemps. Tes mots ont fait revivre ces moments d'éternité qui n'existe plus aujourd'hui. Mais ma vie ne sera plus jamais pareille à cause de cette histoire là qui a pris vie l'espace d'un battement de coeur.

idmuse a dit…

Ne traduis pas. C'est beau :)

Anonyme a dit…

Je saisi ce que tu veux dire..Pis ça fait un petit pincement au cœur...

L'impulsive montréalaise a dit…

@Jeff : Ça enlèverait la beauté, non ? Et puis, il y a peu à traduire. Tout est dit. Que des instants qui durent peu peuvent parfois des souvenirs qui durent longtemps.
@Éphémère : Tu ne peux pas savoir comme ton commentaire me fait plaisir. Raviver les souvenirs de quelqu'un par quelques mots, j'aime ça. J'espère que ça t'aura fait sourire un peu.
@idmuse : Merci ! :) Je savais que tu dirais quelque chose de semblable.
@Luna-Bella : Oui, mais les pincements au coeur ne font pas toujours mal, ou pas juste mal. Ils peuvent aussi être agréables.

Anonyme a dit…

Fascinant. Tant de choses que tu as écrites et que j'ai vécues à la même époque. Comme si c'était avec toi, de toi, que je les avais vécues. De toi qui en aurait livré ici le versant opposé. Comme si on les avait ressenties l'un et l'une à cause de l'autre, malgré ce qui nous a séparés moi et elle, toi et lui, malgré l'impossibilité vingt fois repoussée jusqu'au jour où le malentendu a pris toute la place. Comme si on se les était infligées et que, pendant que je souffrais de toi, tu souffrais de moi. Pendant que je voulais m'enfuir et accourir tout à la fois.

Mais ça ne peut avoir été toi avec moi, ni moi avec toi. Et pourtant, ta façon de dire, ton intensité en haut comme en bas et les détails, les éclats, la fulgurance me mystifient. Comme une fiction plus vraie que la vie, et à laquelle je pourrais adhérer en claquant les doigts, en perdant pied, en prenant les vessies pour des lanternes. En oubliant que la nuit, tous les chats sont noirs. Te lire me montre que le deuil ne s'est pas fait. Peut-être est-il seulement en train de commencer, ici et maintenant, sur la crête des mots que tu as déposés. Comme si on avait marché sur la même plage déserte, mais pas le même jour...

Philippe B

L'impulsive montréalaise a dit…

@Philippe B : Ça arrive souvent.... Qu'on me dise que je touche pile, que je rejoins quelqu'un, que le hasard est étonnant. Ça a un côté rassurant. De savoir que quelque part, on n'est ni seul, ni unique, ni différent. Qu'au fond, on est tellement humain. Comme tous ces gens autour. Je te souhaite de faire ce deuil. Les deuils non faits pèsent trop lourd dans nos vies. Ils ne valent pas la peine d'être traînés.

Anonyme a dit…

Tu as bien raison. C'est le formidable paradoxe de l'écriture (celle qui se nourrit réellement d'émotions -comme la tienne) : s'assurer qu'on n'est pas si différent et en même temps, comprendre qu'on a chacun son chemin à soi.

Pour le deuil, je te remercie. Je pense que constater qu'il n'a pas été bien fait, comme je l'ai compris l'autre soir lorsque ton message a fait déferler tant d'émotions en moi, c'est déjà le commencer. Merci pour ce raz de marée !

L'impulsive montréalaise a dit…

@Philippe B : Si mon écriture peut aider à comprendre, à ressentir, à vivre, je suis contente.