dimanche 16 janvier 2011

Livre-choc

Women aged fifteen through forty-four are more likely to be mained or die from male violence than from cancer, malaria, traffic accidents, and war combined.

Extrait Half the Sky

Elle a été kidnappé jeune. On l'a changé de pays. Pour mieux la dominer. On lui a présenté son premier client. Elle s'est débattue. A refusé. On l'a battue sauvagement. On lui a amené un autre client. Elle a refusé encore. On l'a battue davantage. On a fini par la droguer. Pour qu'elle accepte. De force, mais qu'elle accepte quand même. Dès lors, sa virginité perdue, elle s'est résignée. Un jour pourtant, une possibilité. S'enfuir. Au péril de sa vie. Elle l'a fait. Sans hésiter. Vaut mieux mourir que vivre morte. Elle a été à la police. Résultat : on l'a enfermée un an pour immigration illégale. La prison pour un crime qu'elle n'a pas commis. Ensuite, elle est sortie. Le policier qui la raccompagnait à sa frontière l'a vendue à des traffiquants.

Cette histoire, ce n'est pas la seule. Des histoires, des vraies, il y en a plusieurs dans le livre Half the Sky : Turning Oppression into Opportunity for Women Worldwide de Nicholas D. Kristof  et Sheryl WuDunn. Des histoires troublantes, choquantes, révoltantes, émouvantes. Des histoires de toutes les sortes. L'histoire de la moitié de la planète. Une histoire actuelle, mais qu'on pourrait croire tirer d'un autre siècle quand on est ici, dans une société somme toute privilégiée.

Certaines personnes pourraient trouver cette lecture lourde, déprimante. Je la trouve enrichissante. Bien sûr, j'ai, en lisant, certaines envies de révolte, certains étonnements. Mais il se dégage de la résilience, de la force dans ces femmes opprimées, dans cette moitié de ciel.

Je considère que c'est un livre à lire (soit dit en passant la version française existe, mais je trouvais que les plus de 15$ d'économie de la version anglaise valaient la peine). Parce qu'on oublie trop qu'ailleurs ce n'est pas comme ici. On oublie trop pourquoi les femmes doivent se battre. Contre quoi elles doivent se battre. On oublie l'essence du féminisme. Et je ne le dis pas comme accusation complète envers les hommes. Car dans notre moitié de planète, il y a aussi des coupables, des femmes qui tuent les filles à naître ou ne leur donnent pas assez de soins de santé, des femmes qui perpétuent des traditions comme l'excision... Mais une chose est certaine. La femme, plus que tout autre groupe sur cette planète, est ostracisée, brimée, violentée... Et un livre comme celui-ci, qui ouvre les consciences, ne peut que trouver une bonne place dans une bibliothèque.

En attendant, moi, je me dépêche de le terminer... Car oui, je suis en cours de lecture. Mais je ne pouvais plus attendre pour vous en parler.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de partager et nous faire découvrir.... j'ajoute à ma liste de lecture!

Anonyme a dit…

Comme tu dis, lire se livre amène le lecteur à se révolter contre la société qui ne semble pas vouloir agir pour aider ces malheureuses victimes qui luttent contre les traffiquants de chair humaine et qui les nargue ouvertement.

En tout cas, moi si je commence à lire ton bouquin, je vais tellement voir rouge à force de m'imaginer les scènes en question que je n'arriverai plus à dormir...

Lucille Bisson a dit…

Ton texte me choque autant que la nouvelle de Cyberpresse de ce matin ou des québécois font du tourisme sexuel en République dominicaine, s'en ventent et trouve ça drôle !

Société de fou !

http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/tourisme-sexuel-en-republique-dominicaine/201101/17/01-4360682-le-bordel-cache-des-quebecois.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS1

Triste !

Viv a dit…

Ça me fait penser au film Trafic humain, une collaboration québéco-américaine. Je ne sais pas si tu l'as vu, et malgré mon hésitation du départ à le voir parce que le sujet venait me chercher, j'ai beaucoup aimé. Ça reste un film, avec ses clichés et son sensationalisme, mais somme toute, ça éclaire beaucoup sur ce que ces femmes peuvent vivre. Ton livre m'intrigue maintenant.

@Lucille: Je viens juste de lire l'article et ça m'a jeté à terre! Voir que les Canadiens sont aussi pervers et tordus! Comme quoi la cause des femmes dans le monde a encore beaucoup de chemin à faire...

L'impulsive montréalaise a dit…

@Desi Gori : Bonne lecture alors ! J'essaierai de faire plus de suggestions ! Moi qui aime tant parler de livres. :)
@Jeff : Le bouquin ne parle pas que du traffic sexuel. Il aborde aussi les femmes qui meurent en donnant naissance, les enfants filles qu'on éduque moins, le micro-crédit, le manque de soins de santé pour les femmes. Mais il dégage aussi beaucoup d'espoir. Des histoires qui finissent bien, des pistes de solutions et tout. Moi, ça ne me fâche pas. Dans un sens. Jveux dire, oui, ça me fâche horriblement. Mais je sais garder une certaine distance. Et être informé, c'est important.
@Lucille : Il y a bien des matières à se choquer dans le monde quand on y pense. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi bien des matières à se choquer au Québec directement aussi. À Montréal, le réseau de prostitution est grand.... et rempli de fillettes de 12-13 ans aussi. Encore plus jeunes pour les garçons. Il faut avoir conscience de ces choses. Pour comprendre qu'on a raison de se battre pour avoir une société meilleure.
@Viv : Oui, je l'ai vu a télésérie. C'est assez percutant. Je me rappelle encore une scène où on voit le visage d'Isabelle Blais quand un homme s'active sur elle. Vraiment dur. Comme je disais à Jeff quand même, le livre ne parle pas que de ça. Il y a plein de sujets fort intéressants qui concernent le sort des femmes. Et pour ton commentaire à Lucille, les Canadiens ont leur défaut comme tous les peuples !