mardi 1 février 2011

Sujet intime, mais universel

J'ai cherché pendant 2 jours un angle d'attaque, une façon d'aborder le sujet. Mais la vérité, c'est qu'il n'y en a pas trop. À mes yeux du moins. J'ai peu de sujets tabous. Assez peu. Mais celui-là, il me brûle un peu.

Cette semaine, du 30 janvier au 5 février, c'est la semaine nationale de la prévention du suicide au Québec. Avec un millier de suicides par an environ, le sujet est plus que jamais important. Pourtant, il y a malaise.

Dimanche dernier, à l'émission Tout le monde en Parle, Guy A. recevait les parents d'une fillette de 12 ans qui s'est suicidée. 12 ans. J'ai trouvé ça horrible. Comment peut-on seulement penser à se tuer lorsqu'on est si jeune ? Mais la vérité, bien qu'elle ne me tente pas, bien que je veuille pas l'afficher, c'est que j'étais plus jeune que ça lorsque j'ai eu mes premières envies de mort. Sauf qu'il y a un grand pas entre y penser et le faire. 12 ans. Comment peut-on trouver les moyens pour poser un tel acte à un âge aussi jeune ? Remarquez, la question pourrait aussi bien s'adresser à tous les âges...

Aujourd'hui, je ne veux pas tomber dans le misérabilisme. Je ne veux pas parler de moi. Je veux parler de nous. De nous tous. Car s'il y a une chose que l'on apprend en vieillissant, c'est que l'envie de mort traverse l'esprit de tout le monde ou presque, un jour ou un autre. En fait, je suis certaine que si je faisais un petit exercice, celui de vous demander d'écrire moi aussi en commentaire à ce texte, que j'aurais beaucoup de réponses.

Mais de cette liste, je ne voudrais pas qu'on retienne que l'on a voulu mourir. Je voudrais qu'on retienne que l'on a choisi la vie. LA VIE. Dans tout ce qu'elle a de plus laid, mais aussi dans tout ce qu'elle a de plus beau. Voilà ce que je voudrais que retienne quelqu'un qui connaît ces idées noires. Qu'on y pense tous, oui. Mais que beaucoup font le choix de la vie.

15 commentaires:

Morriggann a dit…

J'ai voulu aussi écrire sur le sujet..j'arrive à mettre en mots ce que je veux dire, mais j'arrive pas à peser sur "publier"

Caro a dit…

Dans les derniers mois le suicide a été une pensée beaucoup trop présente chez moi. J'ai été capable d'aller chercher de l'aide et les jours les plus difficile j'ai un contact chez SOS suicide. Toute ma vie je me souviendrai de cette période de ma vie, parce que je serai encore en vie.

Lucille Bisson a dit…

Comme tout le monde, moi aussi, une fois ou deux, j'ai eu ce genre de pensées. C'est en pensant à mes enfants que j'ai chassé tout ça.

Je n'osais imaginer leur peine, leur colère et leur désarroi de savoir que leur mère aurait pu commettre un tel geste. C'est en me rattachant à eux que j'ai continué à me battre, malgré l'inégalité des forces de mes adversaires moraux !

idmuse a dit…

Très joli billet. Très juste.

Anonyme a dit…

J'ai failli perdre mon ex-femme de cette manière. J'ai tout fait pour lui redonner l'espoir de vivre.

Elle a compris que nos enfants ont besoin de nous comme nous avons besoin d'eux. Elle a failli y laisser sa peau.

Et moi, le pire dans tout ça, je n'avais jamais détecté son cri d'alarme. Le soir même, elle était venu me dire mon bonne nuit. Si ce n'avait été de sa chute sur le sol de la chambre, elle serait déjà morte.

Kaou a dit…

Je suis peut être bien trop lâche pour songer à l'acte en lui même mais j'ai maintes fois souhaité pouvoir fermer les yeux et ne jamais me réveiller pour échapper à cette souffrance lancinante qui vous tient dans un étau douloureux et vous empêche de respirer
Je n'ose imaginer qu'une enfant ait le même souhait

Emia a dit…

Je la comprends moi, la petite. À son âge (même avant), je pensais pareil. Sauf que comme vous tous, je ne l'ai pas fait. Maintenant, ce n'est même plus quelque chose qui me traverserait l'esprit. Depuis, j'ai vécu la mort d'un proche par suicide et je sais ce que ça fait, le vide froid que ça laisse. Les gens ne peuvent vivre leur deuil à cause de la frustration, de l'incompréhension.

Bon texte, et tu sais aborder le délicat de belle façon, mais je dois admettre que ton titre m'a fait peur, et que j'ai fini par me décider à te lire ce matin.

Caro a dit…

Voici un lien qui m'a aidé et qui pourra peut-être en aider d'autre:
http://www.barbery.net/psy/suicide/lisezceci.htm

Viv a dit…

J'ai déjà souhaité fort fort que ma souffrance arrête, mais je n'ai jamais voulu mourir. Honnêtement. J'avais trop peur de la mort, que tout s'arrête trop vite pour songer même une fraction de seconde à mettre fin à mes jours moi-même. Avoir mal, d'une certaine façon, me faisait me sentir vivante. Alors non, je n'ai jamais eu de pensées suicidaires.

C'est pour ça que pour moi aussi c'était inconcevable cette fille de 12 ans. Je n'arrive pas à comprendre et j'avoue en tant que future intervenante me sentir désarmée devant la détresse des personnes suicidaires. Je suis bien contente de pouvoir suivre une formation en fin de semaine en intervention de crise suicidaire. Pour enfin pouvoir me sentir utile.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Sednah : Peut-être peux-tu ajuster les mots trouvés pour réussir à les publier !? Moi, je savais que je voulais aborder le sujet au sens large. À peine parler de moi. Sinon, je n'aurais pas été capable de publier.
@Caro : Bien que ce soit triste à lire, c'est aussi plein d'espoir. Car tu sais que tu finiras par en sortir. Et tu sais aussi comment t'aider pour le faire.
@Lucille : Il y a tous quelque chose qui fini par nous rejoindre, nous empêcher, nous faire penser. Je suis contente que tu aies pu trouver la tienne au moment où tu en avais besoin.
@idmuse : Merci. C'est un compliment qui me fait bien plaisir considérant le sujet.
@Jeff : Tu ne peux rien te reprocher. Personne n'est coupable dans le suicide ou les tentatives de. Il n'y a que des victimes.
@Kaou : Ce n'est pas de la lâcheté ou du courage. Ce n'est que d'être aveugle à la présence de solutions pour cesser de souffrir. Et oui, qu'une enfant puisse penser et faire cela...
@Emia : Comme je l'ai mentionnée, moi aussi, j'ai eu des pensées comme celle-là avant l'âge de cette petite. Mais maintenant, à 30 ans, je réalise et prend conscience de l'ampleur d'une telle chose. Et ça me rend muette.
Merci du compliment. Je l'apprécie puisque, humblement, je trouve dommage que ce texte n'ait pas provoqué plus de réactions. Mais que tu expliques que le tout peut faire peur me fait comprendre que oui, c'est bien un sujet tabou, et épeurant aussi.
@Viv : Je crois que tu es rare. Bien que tout le monde ne l'avoue pas, je crois que la majorité des gens ont, un jour ou l'autre, souhaiter mourir. Bien entendu, l'idée ne s'est pas toujours rendu à l'idée ou l'envie de passer à l'acte, mais déjà vouloir mourir, c'est énorme. J'espère que ta formation te permettra d'en apprendre un peu plus. Il est vrai que c'est un sentiment qui est difficile à comprendre si on ne l'a jamais ressenti.

Edgar Jean a dit…

C'est un sujet toujours tabou. Je crois que ce qui nous pousse à penser à ce genre d'acte sans retour, c'est d'être face à une situation où on est démuni, impuissant, où on ne sait plus comment on va s'en sortir, où on semble faire face à un mur insupportable dans ce qui semble être un cul de sac. Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

Je ne peux pas présumer de ce qui a pu pousser une enfant de commettre l'irréparable. Mais en se mettant à sa place, peut-être aurions pu voir que de son point de vue, il semblait ne pas y avoir d'issue. C'est quand on reste vivant et qu'on voit tout ce qui nous est arrivé de bien après qu'on se dit quelle perte ça aurait été de ne plus être là, pour soi et pour les autres de soi.

Sébastien Haton a dit…

Tu vois, tu as trouvé des mots justes pour dire que nous avons presque tous "choisi la vie". C'est en partie ce que j'exprime dans mon dernier message sans le dire explicitement : sans ces amis merveilleux, sans quelque rêves (même irréalisables), je n'aurais peut-être pas eu la force de choisir la vie.
Cette pensée ne me perturbe pas, elle me réconforte. Parce qu'aujourd'hui le choix est fait sans aucune ambiguïté.
Bien à toi,
sébastien

L'impulsive montréalaise a dit…

@Edgar : Des raisons, il peut y en avoir plusieurs. Mais qu'une enfant développe de telles pensées et arrive à trouver que c'est sa seule solution me fait dire qu'il y a certainement quelque chose qui cloche quelque part. Dans sa vie, dans notre époque surtout puisque le suicide est si fréquent.
@seb : Je n'aurais pas pensé ça de toi. Tu sembles si sage, si serein avec la vie. Nous avons tous notre chemin. Je suppose que justement ce qui fais ce que tu es aujourd'hui, vient de ces jours où tu as douté. C'est beau de te lire en tout cas.

Sébastien Haton a dit…

Je vois bien l'image que les gens ont de moi aujourd'hui :))
Mais c'est vrai : Je ne serais pas ce que je suis sans toutes ces années de souffrance, de désir de mort et de combat contre le renoncement. De longues, longues, longues années. Ma victoire finale m'a rendu d'autant plus fort et heureux de vivre.
Merci d'avoir lu avec ces yeux-là :)
séb

L'impulsive montréalaise a dit…

@seb : Comme je dis, c'est beau de te lire. Entre autre, la belle anecdote sur tes amis d'une autre époque. :) Les victoires à l'arraché sont les meilleures.