jeudi 7 avril 2011

Sujet d'actualité

Je parle rarement de sujet d'actualité sur ce blogue. Pas que je m'en foute. Mais je les vois davantage comme des sujets de discussions de vive voix que de sujet d'écriture. Sauf que je ne pouvais pas passer par-dessus ce sujet-là. Je m'excuse de ceux qui sont déjà lassés.

Bertrand Cantat. TNM.

Pour ceux qui ne sont pas du Québec, ou pour ceux du Québec qui vivent sans télévision et journaux, un petit résumé. Au début de la semaine, le TNM, théâtre montréalais réputé, a annoncé le contenu de sa programmation de la saison 2011-2012. Au menu, un projet théâtral de Wajdi Mouawad dans lequel devait/va jouer Bertrand Cantat, meurtrier de l'actrice française Marie Trintignant. Titre du projet : Cycle de femmes. Pour celui qui en a tué une.

Je dois avouer que le sujet me rejoint beaucoup. Et j'ai énormément de difficulté à cerner mon opinion de façon claire et unique.

Je suis quelqu'un qui, pour des raisons personnelles, croit beaucoup en la réinsertion sociale. Non, je vous rassure, aucun meutrier dans ma famille. Disons juste que je crois que l'être humain, dans plusieurs cas, mérite une seconde chance. Surtout si on ne parle pas de récidivistes qui, eux, ont déjà eu des rechutes et des chances. Je crois aussi que la ligne entre la folie et la santé mentale est très mince comme je le mentionnais dans un texte dernièrement.  Qu'est-ce qui fait qu'un franchit le pas, tue un autre être humain, et pas l'autre ? Oui, il y a des meurtres planifiés. Mais beaucoup sont des crimes passionnels aussi. Non prémédités. Je ne veux surtout pas dire que ce n'est pas un geste extrêmement grave. Mais le fait est que si on demande à ces gens par la suite s'ils pensaient un jour en arriver à tuer quelqu'un, ils vous diront tous non. Alors qui dit que ça ne pourrait pas être vous ? Je ne connais pas assez la cause de Bertrand Cantat. Je ne me prononce donc pas sur son cas précis. Disons plutôt qu'il m'amène à réfléchir. En effet, si on peut tous un jour se changer en tueur, ne souhaiterait-on pas l'indulgence après "avoir payé notre dette à la société" ?

Imaginez par ailleurs que ce meutrier soit votre père. Ou votre frère. Ou tiens, changeons encore la couleur. C'est votre mère. Votre meilleure amie. Seriez-vous plus indulgent ? Cela changerait-il votre opinion ?

Bien entendu, la difficulté dans cette affaire réside dans la célébrité des personnes concernées. Si on avait engagé un tueur anonyme dans une épicerie au coin de chez vous, vous auriez pu voir chaque semaine un meurtrier à qui on a laissé une seconde chance sans que vous le sachiez. Mais là, le monde sait. Cela met donc le théâtre et Wajdi Mouawad dans une position délicate. Dans une position où un message passera selon la décision qui sera prise. Un message comme quoi on pardonne tout, même l'impardonnable. Comme quoi on minimise certains faits graves. Ou un message comme quoi il faut laisser une deuxième chance à l'être humain. Comme quoi la réinsertion sociale est une responsabilité collective.

J'ignore la décision qui sera prise. La pression est très grande en ce moment. Surtout que nos politiciens, en pleine campagne électorale, se jettent sur le sujet pour faire augmenter leur capital de sympathie (!). Je peux seulement dire que le sujet est délicat. Qu'il me fait personnellement beaucoup réfléchir. Intellectuellement et émotivement.

4 commentaires:

Unknown a dit…

Putain de politiciens. C'est facile parler de la décision qu'il prendrait. Wajdi Mouawad est dans la mire. C'est difficile d'assumer ses positions devant tout une société.

Malheureusement, les politiciens en chambre des communes (aujourd'hui ou dans les derniers jours) on lâchement dit que tout revenait à immigration Canada de lui (M. Cantin) accorder un droit de séjour ou non.

Anonyme a dit…

Je crois aussi en la réinsertion sociale, mais jusqu'à une certaine limite. Oui, Cantat a tué sa femme et oui, c'est un crime passionnel. Ce n'est pas pardonnable pour autant.

Du moins, après un certain temps, s'il en fait sa demande et surtout si une telle demande existe dans son pays, pourra-t-il alors l'obtenir, et en autant que ses pairs le jugent apte à le lui accorder.

Et encore, selon moi, un meutre, si ça peut se pardonner, cela ne pourrait s'oublier...

Anonyme a dit…

"Je m'excuse de ceux qui sont déjà lassés."

Excuses acceptées. ;)

@Green Had: les politiciens qui ont refusé de s'en mêler (que ce soit dans un sens ou dans l'autre) n'ont pas fait preuve de lâcheté, au contraire. Ils ont fait preuve d'intégrité, en refusant de se mêler d'une question qui ne les regarde absolument pas. Ils ont eu la force de refuser de céder au réflexe populiste, de refuser l'opportunité offerte de gagner les votes de tous ceux (nombreux), qui voudraient faire des politiciens leur bras vengeur, jusqu'au mépris du droit.
Ce n'est pas une attitude à conspuer. Il faut au contraire l'applaudir.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Green Head : Oui, très difficile d'assumer ses positions parce que comme je le disais, plusieurs messages peuvent passer. Et il faut le dire, le sujet demandait du doigté. Mais bon, c'est chose du passé, hein !
@Jeff : Je ne parle pas que de pardon ou d'oubli. Ça va au-delà de ça. Il a y une réelle réflexion de société à faire sur le sujet. Sur les humains aussi.
@aigueau : Trop généreux ! ;) Surtout que tu ne dois pas en entendre parler bien souvent sur ton autre continent ! Héhé !
Mais sinon, je suis tout à fait d'accord avec ton opinion. Je n'ai vraiment pas aimé cette façon que tout le monde a eu de s'approprier le sujet pour se gagner une certaine faveur populaire. On pourra dire que le sujet aura fait couler bien de l'encre. Ça paraît qu'on est en période d'élection disons !!!