mardi 3 mai 2011

Ce besoin‏

Il a besoin d'autre chose. De se mettre en danger.
Delphine de Vigan, Un soir de décembre

Deux phrases si simples. Pourtant, ça résonne en moi. Si fort que c'en est étourdissant. Je comprend ce qui est dit, ce que l'auteure veut dire. Se besoin d'autre. Se besoin d'ailleurs. Le sentiment de manque est certe celui que je comprend le plus. Il a suivi tous mes pas depuis si longtemps. Comme un vieil ami. Le manque, le vide, le vouloir plus. Je vis avec. Ce n'est pas douloureux. Ce n'est pas le mot que je choisirais. C'est juste là. Et bien qu'il s'éloigne parfois, je sens surtout qu'il n'est jamais loin.

Se mettre en danger, c'est l'antidote pourri au sentiment de manque. C'est une solution qui fait autant de mal que de bien. C'est choisir d'avoir mal plutôt que d'avoir rien. Parce qu'avoir mal, ça fait bouillir les veines, ça réchauffe le coeur avec du soufre. Avoir mal c'est être plus loin du manque, c'est pouvoir s'éloigner un peu. Jamais loin, mais un peu.

L'ennui est un ennemi mortel. Il ravive, il chatouille le manque. Le besoin de plus. Le besoin d'autre chose. Ce n'est pas volontaire. Mais voilà, c'est ainsi. Et naît le besoin de se mettre en danger. Parce que le danger, ça brûle, au moins. Le besoin, le danger. Inextricable. Un noeud, un cercle en continu.

Puis, on vieillit. Et on apprend. Le danger perd du souffle un peu. On cherche plutôt l'insconscience en général. Foncer droit devant sans regard en arrière. Parce qu'il faut qu'il se passe quelque chose. Parce qu'on le ressent à l'intérieur. Parce que ça gronde dans notre ventre. Et on comprend que ça restera. Toujours. Un vieil ami. Ce besoin d'autre chose. De plus grand que nous, de plus grand que notre vie.

4 commentaires:

Anik a dit…

Je viens de découvrir ton blogue et ce billet me parle beaucoup... Moi, j'appelle ça « sortir de ma zone de confort », mais dans le fond, c'est la même chose. Oser, risquer, même si on peut se casser la gueule solide, c'est ça qui fait qu'on se sent vivant! Vaut mieux risquer d'avoir mal que d'avoir peur de vivre... Oui, ça gronde en dedans, ce besoin de plus, mais c'est tant mieux ! Bonne soirée!

L'impulsive montréalaise a dit…

@Anik : Je suis contente que ce billet puisse te rejoindre. C'est toujours un plaisir pour moi. Ça gronde en dedans. Oui, c'est exactement ça. Il est si facile de se laisser aller, de rester dans sa zone confortable et de ne jamais repousser de limites. C'est comme mourir avant de mourir vraiment.

Anonyme a dit…

"C'est choisir d'avoir mal plutôt que d'avoir rien. Parce qu'avoir mal, ça fait bouillir les veines, ça réchauffe le coeur avec du soufre"

Ça me parle vraiment ces quelques lignes là miss. Tout ton texte me parle en fait. Mais je suis têtue, tête en l'air et j'en ai marre de la zone grise. J'ai pris le goût du risque dans la dernière année et là j'étais un peu en manque alors je fonce droit devant, tête baissée quitte à me casser la gueule.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Camille : La chose est qu'il n'y a pas que ces deux options chère Camille. Parfois, on peut risquer, mais en prenant une direction moins risquée. Tsé, des fois, pour se mettre en danger, on peut sauter sans parachute. Mais on peut aussi sauter avec un parachute. C'est moins risqué, mais le thrill est là. Mais bon, je l'écris mon texte. Et c'est vrai que le gris, c'est tellement ennuyant parfois qu'on a envie de le fracasser !