dimanche 20 janvier 2013

Réflexions professionnelles

Je ne crois pas que je serai pas heureuse tant que j'aurai le même emploi. Voilà. C'est dit. Je ne serai pas heureuse tant que j'aurai le même emploi. Pas pleinement heureuse du moins. Vous pourriez lire ça et avoir envie de me suggérer de changer d'emploi. C'est vrai. Moi-même, c'est probablement la première suggestion que je ferais. Mais c'est plus complexe que ça.

Serais-je heureuse dans un autre emploi ? Peut-on être heureux dans un emploi qui nous demande grosso modo 49 semaines de notre année ? Je ne veux pas changer d'emploi pour changer d'emploi. Au fond, je ne déteste pas mon boulot. Il m'arrive d'avoir de belles journées. D'être motivée. D'être contente de ce que je fais. D'être joyeuse, de bonne humeur. L'insatisfaction, le manque, est plus profond. Mon emploi n'est pas à la hauteur de mes aspirations. Ne me fait pas me coucher le soir, satisfaite et comblée. C'est pour ça que je dis que changer pour changer, franchement, je n'y crois pas trop. Il faudrait que je change de façon plus profonde. De domaine sûrement.

Changer de domaine, ça implique généralement des études. De ça, je vous en ai déjà parlé... Je n'ai pas envie de m'embarquer dans des études longues et coûteuses qui vont me faire sortir de là endettée jusqu'au cou. Et je n'ai pas l'argent pour sortir de là sans être endettée jusqu'au cou. Certains l'ont, sont plus privilégiés, ou plus économes. Peu importe les raisons au fond. Je ne l'ai pas cet argent. À temps partiel me direz-vous. Quand je regarde le nombre d'années que ça prendrait... Suis-je douillette en parlant d'argent et de nombres d'années ? Est-ce que je manque de volonté ? N'y a-t-il pas des centaines d'exemples de plus courageux/euses que moi ? Du genre cette mère monoparentale de 45 ans et 3 enfants qui s'embarque dans des études de droit ou de médecine à grands coups de journées de 50 heures ? Je n'ai pas cette énergie-là ! Je le voudrais bien. Mais je ne l'ai pas. J'ai mes limites. Physiques. Psychologiques. Intellectuellement, ça va. J'ai les capacités. Mais si on me demande de faire des journées de 50 heures pendant quelques années.... et bien au bout de 6 mois, je tombe en épuisement. Et 6 mois, je suis très généreuse. Certains pourraient dire que je pars perdante en disant ça. Certes. Mais ce n'est pas ça. Je me connais bien. Et je trouve ça affreusement triste de me dire que je suis mon pire obstacle pour changer de vie. Sauf qu'il y a des limites qu'on ne peut pas détruire.

Vous pourriez aussi me dire de juste partir, prendre une petite job. Ici. Ou là. Changer l'air un peu. Mais un emploi confortable, c'est vicieux. On a de belles journées ici et là. Un salaire quand même un brin plus élevé que le salaire minimum. Pas une fortune, mais une différence significative. Des avantages. Des vacances. Certaines personnes savent se mettre en danger. Je le fais aussi. Parfois. Selon les dangers que ça implique. Pas nécessairement des dangers calculés. Mais disons des dangers que je me sais capable de relever. J'admire ceux qui peuvent changer d'emploi en un claquement de doigts lorsqu'ils ne sont pas satisfaits. Bon, pas ceux qui le font 6 fois par an. Mais ceux qui savent quand ils ont atteint leur limites. Trois petits tours et puis s'en vont. Basta !

Je pourrais rester dans le même domaine et essayer de me trouver un emploi différent aussi. J'ai un domaine assez large. Mais toutes les raisons que j'ai déjà dites ci-haut ressortent quand j'y pense. Un emploi pour un autre ? Mon manque est plus profond. J'ai envie de quelque chose qui me permettrait de mieux m'accomplir. J'ai un emploi confortable et des avantages que je n'aurais pas en recommencant ailleurs dans du similaire.

Je me sens prise dans ma vie. Enfermée dans un placard sans marge de manoeuvre. Je sais que je me trouve certaines excuses. Je ne crois pas qu'elles soient si mineures toutefois mes excuses. On vit dans une société où il faut de l'argent... Je n'ai pas 10 ans à consacrer à un changement... Je ne veux pas avoir une dette d'études étouffante dans quelques années... Vous pouvez juger ça. Mais quand on se met à poser quelques questions, je suis loin d'être la seule ainsi. Est-ce une raison de l'être ? Non.

Si jétais malheureuse comme la pluie, peut-être que je ferais quelque chose. Sûrement. Mais je ne suis pas malheureuse. Disons juste que je ne suis pas heureuse. Pas pleinement. Et bien que la nuance vous soit peut-être invisible, moi, je la vois. C'est insidieux. Et je ne crois pas être la seule à être prise dans une situation insidieuse comme ça. En même temps, est-ce le syndrome de la personne jamais satisfaite ? C'est pour ça que je ne crois pas trop au changer pour changer. On vit dans une société insatisfaite. On trouvera toujours à se plaindre de quelque chose. Et si on ne trouve pas, on cherchera, voire on inventera. Quand on tend l'oreille, ce sont des plaintes partout. Et si je me plaignais le ventre plein ? Quoique, j'ai plutôt l'impression que mon ventre est vide quand je pense à tout ça... Qu'il me manque quelque chose pour me remplir... Et ça, ça ne vient pas nécessairement de l'extérieur. Mais en même temps... Vous voyez la réflexion ?

Comment vous vous sentez face à votre vie professionnelle, vous ? Face à votre vie tout court ? Face à vos aspirations, surtout vos aspirations avortées ?

7 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai l'impression de lire mes impressions, ma propre insatisfaction professionnelle, quoi que je ne suis pas si insatisfaite que ça. Non. Juste un peu blasée.

En fait, je trouve que je ne m'y réalise pas comme je le voudrais.

J'ai des projets, des rêves, mais il y a aussi les peurs, les hésitations, qui me freinent dans mes décisions.

Je te comprends tellement!

Petite libellule a dit…

Je pense qu'on se sent tous comme ça de temps à autre. Par contre, si ça revient toujours et que ça nous rend malheureux, je pense qu'il faut prendre le taureau par les cornes. Des fois, on n'a pas besoin de tout changer, juste de faire évoluer un peu sa situation. Il y a forcément certaines formations que tu peux suivre qui ne prennent pas 3 ans et qui ne sont pas si dispendieuses. Ou encore, tu peux meubler davantage ta vie personnelle par des activités que tu aimes et qui te passionnent. Qui sait ce que ça pourrait t'ouvrir comme possibilité? Bref, il y a toujours moyen d'améliorer sa situation, mais pour ça, il faut le vouloir vraiment. Tu n'es pas prête? Il n'y a pas de mal, observe ce qui passe autour et la solution se présentera d'elle-même à un moment donné.

Kim a dit…

Tu sais quoi??? Il m'est arrivé aussi de me poser un tas de questions par rapport à mon emploi. Et tu sais quoi? J'en arrive à un constat similaire au tien, je ne pense pas, à moins d'être quelqu'un très disposé au bonheur, que c'est possible d'être motivé tous les jours! Moi non plus, je n'ai pas le courage de tout foutre en l'air et de partir... Peut-être que c'est possible de s'accomplir autrement que professionnellement non?

Juju a dit…

Est-ce que tu lis dans mes pensées? Non, sans blague, tes réflexions viennent me chercher et je me reconnais dans ces dernières.

Justement hier (samedi), j'ai écouté une petite partie du film Julie & Julia et aujourd'hui, j'ai fait une recherche sur Julie Powell (la Julie du film). Elle était secrétaire et est devenue écrivaine en l'espace de quelques années. Tout ça a commencé par un blog et un livre de recettes. J'ai trouvé le tout inspirant.

Sur ce, je te souhaite une bonne journée et bonne chance dans tes réflexions professionnelles.

Tiffany a dit…

Je te comprends tellement! Je me pose également des tonnes de question par rapport à mon emploi. Et je constate que peut importe où je suis et où je travaille, je ne serai jamais 100% satisfaite. Car travailler 5 jours sur 7, 49 semaines par année, c'est vraiment TROP! Il y a tellement d'autres choses que j'aimerais faire si j'avais plus de temps!

Pourtant, cet emploi, c'est mon rêve qui se réalise. J'ai fait tellement de sacrifices pour cet emploi. De l'extérieur, tout est parfait et je ne pourrais pas demander de mieux (salaire élevé pour mon domaine d'emploi, avantages sociaux en béton, voyages fréquents pour le travail, pension, etc.). Et il est vrai que certains jours, je pense vraiment que mon emploi est le meilleur au monde. Mais à l'intérieur de moi je ne suis pas satisfaite à 100%. Premièrement je suis loin de mes amis et ma famille (moi à Ottawa et eux à Montréal); je travaille pour un gouvernement fédéral que je n'apprécie pas particulièrement; le travail de bureau me lasse souvent; je travaille presque uniquement en anglais; etc... Et il y a aussi le fait que mon chum n'aime pas particulièrement la région ici et voudrait retourner vivre à Montréal.

Mais comment faire pour quitter un tel emploi?? Cela m'angoisse tellement. De le regeretter surtut. En fait il faudrait que quelque chose arrive qui me force ou me pousse à trouver autre chose. Alors j'attends l'élément déclencheur. J'appelle cela ma petite prison dorée.

Viv a dit…

Ouf... Ma vie professionnelle n'est pas encore officiellement commencée et je me pose déjà des questions. Parce que je m'épuise facilement, que je gère mal mon stress, parce que je ne ressens pas la passion que je voudrais ressentir. Je suis fatiguée en ce moment et si ce n'était que de moi, je lâcherais tout pour aller dans autre chose. Mais ma réalité est que ça fait 8 ans que je tente de finir mes études, et que je n'ai pas envie de commencer un autre diplôme. Je veux pouvoir me trouver un emploi, accumuler de l'argent et m'acheter un condo. Et puis, il y a la fameuse question "qu'est-ce que penserait ma famille si je lâchais tout après tous ces efforts?". Je n'ai pas le courage de tout foutre en l'air malheureusement. Alors, j'endure en me disant que la fin d'année est beaucoup plus près que loin...

L'impulsive montréalaise a dit…

@Annejutras : Ça fait du bien de lire ça. J'ai vraiment l'impression que quelqu'un, quelque part, ressent exactement la même chose que moi. On ne s'y réalise pas comme on le voudrait... J'espère qu'on trouvera quelque chose un de ces jours. Que la vie nous apportera une belle courbe.
@Petite libellule : Ce n'est pas le reste de ma vie que je veux améliorer je dirais. Quoique.... Ça c'est un work in progress constant. Quant à faire évoluer un peu les choses pour ma situation profesionnelle, j'avoue que je ne sais pas trop. Trop comment, quelle direction prendre, quoi faire de tout ça. J'aimerais bien que tout soit clair et simple.
@Kim : Et voilà, on est au même point alors. Par contre, j'aime beaucoup, beaucoup ta question. Est-ce possible de s'accomplir autrement que professionnellement ? Assurément oui. Mais... Mais je trouve qu'on pourrait broder sur une question comme celle-là. Il y a une belle réflexion à se faire.
@Juju : Je ne lis pas encore dans les pensées. Héhé !
Mais sincèrement, je crois qu'on est plusieurs à se sentir comme ça. Dans une vie trop petite pour nos envies et nos aspirations. On a besoin de choses inspirantes. De choses pour élargir nos cages. Et les briser éventuellement.
@Tiffany : Ben voilà ! Comment faire le même boulot à l'année longue sans être blasée. Est-ce que ça existe ? Est-ce que certains le vivent ?
Je me reconnais aussi dans ce que tu dis. Pas dans les mêmes barrières. Mais assurément dans des réflexions qui font qu'on se sent un peu enfermée. Parfois beaucoup, parfois moins. Mais toujours trop au fond. Et on attend comme tu dis. Un élément déclencheur..... Un miracle ?!
@Viv : Il ne faut pas penser à ce que diraient les autres. On en a déjà assez avec ce qu'on se dit soi-même ! Mais oui, c'est vrai que c'est une grosse question que de se demander si les études qu'on s'apprêtent à terminer vont nous permettre de trouver un emploi qu'on aimera et qui nous donnera une vie professionnelle satisfaisante. J'ai déjà changé de domaine d'études. Je connais d'autres qui l'ont fait. Ce n'est pas si dramatique. Ce n'est jamais perdu non plus ce qu'on a fait. C'est dans notre bagage humain. Mais bon, a-t-on la force, les moyens ou le temps de recommencer ? Ça, c'est une autre question. J'espère que tu trouveras un emploi satisfaisant. Cherche, explore, ne prend pas le premier que tu verras.