mercredi 29 février 2012

Ces émotions qu'on ne saurait accepter

Ça commence assez jeune. "Finis ton assiette, c'est bon, je suis certaine que t'as encore faim." "Mais non, ça fait pas mal. Souffle sur le bobo, pleure pas."

Ça continue ensuite. "C'est juste un gars, tu vas en trouver un autre, pas besoin d'avoir dla peine." "Mais non, cpas si pire que ça, t'as pas à t'inquiéter."

Ça continue tout le temps comme ça. On essaie de nier les émotions, de les refouler. On essaie de nous dire que nous n'avons pas raison de nous sentir comme ça. Qu'il n'y a aucune bonne raison, que c'est pas beau une vilaine émotion. Qu'il faut étouffer tout ça.

Les émotions font peur. C'est rendu la chose à éradiquer. Alors on vieillit avec un drôle de goût dans la bouche. On se méfie de nos émotions. On veut les nier. Les refuser. On essaie de jouer à la forte, au fort.

Je crois que c'est pour ça les maux de ventre, de coeur. Oui, les émotions laides ne sont pas toujours faciles à vivre. Mais elles sont nécessaires. Et surtout, surtout, il faut les sortir de soi. Ne pas les garder comme un précieux cadeau qui nous empoisonne. Un jour, on arrêtera peut-être de nier, de chercher des solutions, de dire le contraire de, de fausser les ressentis et les perceptions. On acceptera peut-être de juste dire quelque chose de simple. "Je comprends. Et tu as le droit de penser ça ou de ressentir ça."

8 commentaires:

Petite libellule a dit…

Tu as raison, ça commence jeune... J'y travaille souvent avec mes enfants. Mon p'tit bout de quatre ans me dit parfois : " J'ai le droit d'avoir de la peine, hein maman?'' Il a déjà entendu ça quelque part...

Bref, je comprends très bien ce que tu veux dire. En même temps, parfois, on se les impose à soi-même ces émotions négatives. On a des attentes trop élevées envers soi et on se fait mal inutilement. Ne dit-on pas que l'on est son pire bourreau? Oui, il faut les sortir de soi, ces émotions négatives, parce que c'est pas cool de rester pris avec encore et encore.

On a dû passer par les mêmes chemins parce que les sujets que tu soulèves m'interpellent pratiquement toujours.

Audrey a dit…

Je suis bien d'accord, on dirait que c'est mal d'avoir des émotions négatives, il ne faut pas être en colère, il ne faut pas être triste, il ne faut pas être stressée sauf que c'est parce qu'on se force à sourire que les émotions s'envolent, au contraire, elles restent là et elles ressortent sous forme de crise, de burnout, de dépression alors autant les vivre ces émotions, et puis est-ce si difficile à gérer les émotions négatives ? C'est un mauvais moment à passer, ensuite avec le temps, la colère, la tristesse disparaissent.

Michèle a dit…

Je suis d'accord. On a le droit d'avoir de la peine. La seule attitude à adopter avec une personne triste, c'est de l'écouter et de tenter de démontrer un brin d'empathie. Un point c'est tout.

J'ai l'impression qu'on essaie d'empêcher d'avoir mal parce que ça nous fait aussi mal à nous. Alors là, on est égoïste.

Unknown a dit…

ton texte me parle tellement! Je suis à travailler en ce moment une émotion très laide, surtout pour une femme je dirais... La colère!
C'est vrai qu'on est formaté à être gentille, à finir son assiette, à sourire quand ça ne va pas si bien...
Merci de dire tout haut ce que l'on vit... tout bas!

Kalte a dit…

Totalement d'accord...que dire de plus!

Anonyme a dit…

On fait partie du même club.
Je crois aussi qu'il faut parler. Ou écrire.
Ne pas se laisser brider?
Et cela change le regard des autres sur soi.
Vos billets sont une thérapie.
Pour vous et vos lecteurs, d'ailleurs...
N.

Viv a dit…

J'ai l'impression des fois que les autres ne veulent pas qu'on exprime notre peine ou nos sentiments parce qu'ils ne veulent pas avoir à les gérer. Que c'est trop dur d'y être confronté, que ça va à l'encontre du modèle de l'humain fort qui ne plie pas devant les obstacles. Comme quand on vit un deuil, tu as le droit d'être triste et de le vivre pendant quelques semaines, mais si 6 mois plus tard, tu es encore dans ton marasse, là tu pousses un peu fort! On peut-tu juste vivre ce qu'on a à vivre, svp?

L'impulsive montréalaise a dit…

@Petite libellule : Oh ! je trouve ça génial que ton petit de 4 ans puisse te demander ça. Il te fait confiance. En même temps, ça prouve tellement mon point. Celui avec lequel tu es si d'accord. 4 ans et il pense déjà à ça. Contente de t'interpeller, de te rejoindre.
@Audrey : Oui, voilà. À garder tout ça, ça nous pourrit. Je me souviens d'une fille que j'ai connue... Elle sourait à pleines dents... pendant qu'elle pleurait et racontait qu'elle voulait mourir ! J'veux dire si c'est pas essayer de nier à tout prix. Le mal que ça peut faire...
@Michèle : Oui, l'écouter. Complètement. Et pas chercher 100 solutions ou conseils ou bla bla. Juste laisser parler.
@Lalune : Oh ! la colère. Oui bien laid pour une dame. Faut sortir ça. Et ça me fait plaisir d'aborder ce genre de sujet qui fait du bien. Question colère par ailleurs, je me souviens d'avoir lu un livre très intéressant : "Le pouvoir créateur de la colère." Peut-être ça pourrait te rejoindre !?
@Kalte : En effet ! Héhé !
@N : Oui, il faut s'exprimer. De toutes les façons. Et merci beaucoup pour ce magnifique compliment. Je suis contente de pouvoir "aider" un peu ceux qui me lisent, leur faire du bien.
@Viv : Ah ! C'est clair. Trop difficile de gérer le mauvais et le pas beau. On aime mieux se mettre la tête dans le sable. Sinon, on serait confronté et on pourrait avoir mal. C'est toujours égoistement qu'on refuse les émotions des autres il me semble.