mercredi 4 avril 2012

Un gros poids sur le coeur

Je vous écris ce soir avec un poids immense sur le coeur. Il est rare que je parle de choses aussi intimes. Du moins que je les nomme clairement. Mais j'ai besoin d'en parler.

C'est mon frère. Je ne sais plus quoi faire. Il ne me respecte jamais. Il est sans cesse blessant, méchant, agressif. J'avais proposé par l'entremise de ma mère de lui donner un coup de main cette fin de semaine. Il m'a écrit un message aujourd'hui. Remplis de conditions, de ce que je devais faire, ne pas faire, comment agir, quoi dire. Avec plein de lettres en majuscules. Qui comme tout le monde le sait sont là pour signifier l'agressivité dans un message écrit. C'est une goutte énorme pour moi. Pour tout dire, je suis partie à pleurer sur mon lieu de travail et ça m'a pris plusieurs minutes pour me calmer. Je ne sais pas pourquoi ça m'a fait réagir aussi fort aujourd'hui. Je devrais être habituée. Il est comme ça depuis si longtemps. Tout ce que je dis, ce que je fais est retenu contre moi, est vu comme quelque chose de méchant qui aurait été fait dans le but de le blesser, de l'attaquer ou de me moquer de lui.

Dernièrement, je suis fatiguée. Très fatiguée. Je pense à beaucoup de choses. Je me demande ce que ce sera quand mes parents ne seront plus là. Il est ma seule famille après eux. Deux parents, deux enfants. J'ai peur en me disant que peut-être on se perdra complètement de vu. J'ai presque pleuré aussi en regardant une photo de nous. Quand on était plus jeune tous les deux. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Je m'inquiète pour lui aussi. Il a vécu certaines choses dernièrement. Je sais qu'il avait de la peine. J'ai parfois peur qu'un jour il ait trop de peine. Et qu'il réagisse mal. Très mal. J'aimerais l'aider, pouvoir y faire quelque chose.

Mais je n'en peux plus. Je ne comprends rien. Et je sais que tout cela fait de la peine à ma mère. Elle est entre nous deux. Depuis fort longtemps. Et je déteste voir ma mère qui a de la peine. Ça me va droit dans le coeur. Elle dit qu'elle ne sait pas quoi faire, qu'elle ne peut rien changer. Elle est mécontente de sa façon d'agir. Avec moi. Mais avec elle aussi. Car il n'est pas toujours rose avec elle non plus. Je ne comprends pas ce qui a pu le rendre ainsi. Si agressif. Si sur la défensive. Je sais que ce n'est pas nécessairement nous. Mais je ne peux m'empêcher de me sentir mal, de me questionner sur ce qui a pu amener tout ça.

Je suis si désemparée. Je ne sais plus quoi faire. Je n'ai plus envie de lui parler, de le voir, de lui écrire, d'être dans la même pièce que lui. Et en même temps, c'est mon frère. Je veux l'aimer, l'aider, entretenir une relation fraternelle correcte avec lui. On ne sera jamais amis. Mais parfois, quand il le veut, on se parler et on peut échanger, avoir un contact agréable.

Je vous écris ça et je pleure. Ma mère me dit de ne pas m'en faire avec ça. Mais je n'en suis pas capable. C'est moi de m'en faire. Ça me brûle à vif tout ça. Et je ne vois pas de solution. On dirait une situation sans issue.

16 commentaires:

idmuse a dit…

Même si ce n'est pas ce que tu veux entendre, parfois couper les ponts c'est mieux que de se noyer à deux.

Michèle a dit…

J'aborde dans le sens d'idmuse, prends un peu de distance, cela le fera sans doute réfléchir. Car là, selon ce que je lis, il ne te mérite pas.

Petite libellule a dit…

Les relations familiales ne sont pas toujours faciles... Couper les ponts, c'est une option, mais pourquoi ne pas simplement lui ouvrir ton coeur et lui envoyer ce billet? Cela susciterait peut-être une prise de conscience de sa part et entamerait une discussion, un échange. Si après ça, il est toujours aussi fermé, tant pis... xx

Grand-Langue a dit…

La familia! Quelle tyranie!

Une famille, pour moi, est constituée de parents et d'enfants, point.

Les frères, les soeurs, les cousins, cousines, les oncles et tantes, tant mieux si on s'entend bien mais on n'est pas obligé de les fréquneter si on n'est pas sur la même longueur d'onde.

J'ignore d'où vient cette "obligation" de supporter des individus malcomodes, qu'ils soient issus des mêmes parents ou non!

Pensez-y froidement. Votre premier devoir, c'est de voir à votre bienêtre!

Grand-Langue

Anonyme a dit…

Hello

Je suis ton blog depuis un certain temps (au moins un an) et je suis toujours très intéressée par tes écrits.

Par rapport à ton frère, tu pourrais peut-être essayer de lui dire ce que tu ressens, aussi clairement que tu l'as mis par écrit ici. Je suis sûre que ça te soulagerait de vider ton sac et ça pourrait l'aider à se rendre compte du mal qu'il vous fait.

S'il n'est pas ouvert au dialogue, au moins ça t'aidera à prendre de la distance sur la situation.
Bon courage,
Celestine

patty a dit…

Ton message me touche beaucoup... Je m'imagine comment tout ça peut être lourd, complexe, torturant. D'ailleurs, dans ton billet, il y a très peu de faits descriptifs, mais on y lit ton débordement émotif. C'est très très dur, de cette manière, de te dire autre chose que de prendre bien soin de toi...Car tout ça t'affecte très très fortement, et je comprends, c'est ton frère.

As-tu essayé de lui en parler à ton frère? Est-il seulement parlable? Comme je te dis, c'est très difficile de comprendre ce qui se passe dans ton billet... Mais peut-être que tu peux lui dire que tu es là pour lui, que tu l'aimes, que ça t'attriste, mais que tu ne peux plus supporter ce genre de comportement, pour les mêmes raisons : parce que tu l'aime et que tu veux être là pour lui...

Bonne chance... :)

Josie a dit…

Parle/écris-lui clairement ton mal et que tu aimerais l'aider. Mais pas à tes dépends à toi et que dorénavant, à la moindre marque de manque de respect, tu coupes. Tu n'es pas obligée de subir ça. Et dis-lui ce qu'est le respect pour toi.

Comme dit Patty, tes émotions te submergent (avec raison!) mais ce ne doit plus être ainsi, ça te fait du mal. Son comportement ne s'expliquera probablement pas de si tôt, alors protège-toi.

1- Expliquer ses émotions et les conséquences de celles-ci à l'autre.
2- Expliquer ses besoins.
3- Expliquer ses attentes.
4- Expliquer les conséquences.
(5- Être prête à les appliquer au cas où elles ne seraient pas respectées).

Bonne chance.

Un autre Bob a dit…

Salut l'Impulsive, voici une mini tranche de vie, au cas où ça pourrait t'aider.

Il y a plus de 10 ans, j'ai coupé les ponts avec ma soeur, qui est un cas très lourd depuis l'adolescence. Ma décision complique un peu l'organisation des rencontres de famille du temps des Fêtes, mais je ne l'ai jamais regrettée, car elle a marqué une grosse amélioration de ma qualité de vie. Ma soeur et moi nous sommes revus quelques fois l'automne dernier quand notre mère a été très malade, et ça ne s'est pas trop mal passé, sans doute en raison des circonstances et du recul. Pas question cependant que je recommence à la côtoyer de façon régulière: je sais qu'elle n'a pas changé et qu'elle ne changera probablement jamais.

Je ne veux en aucun cas te conseiller de voir ou de ne pas voir ton frère, mais si cette relation siphonne ton énergie et que tu en venais à la conclusion que les choses ne s'amélioreront jamais, le coupage de pont est une option tout à fait légitime. Ce n'est pas parce que quelqu'un fait partie de notre famille qu'on doit accepter tout ses comportements.

Bon courage.
XX

Grimimi Sue a dit…

J'ai déjà été très et trop tolérante avec famille ou amis.

Il y a 6 ans, j'ai consulté une psychologue pour m'aider à affronter une dure épreuve avec la femme de mon fils. Cette blessure est toujours là, tapie dans un coin et prête à bondir... mais elle m'a appris beaucoup sur moi et les autres. Elle m'a appris à grandir. C'est un processus difficile mais nécessaire.

Lentement, je deviens authentique, je ne dis plus, pour me faire aimer, ce que la personne veut entendre. Je le dis sans blesser en espérant qu'elle comprenne.

S'il n'y a pas de changements, je me retire sans souffrir. Que ceux qui m'aiment me suivent...

Bisous tout doux sur tes blessures, douce Mélanie.

L'impulsive montréalaise a dit…

@idmuse : Oui, c'est vrai, ce n'est pas ce que je veux entendre.
@Michèle : Tu dis qu'il ne me mérite pas... Je ne suis pas parfaite non plus.
@Petite libellule : On a eu une très grosse discussion. Là, c'est statut quo. On verra. Et oui, c'est compliqué.
@Grand-Langue : Ce n'est pas une obligation, je suppose. Pas pour tout le monde. Mais pour moi, ce noyau (moi, frère et parents), c'est très important. Bien sûr, pas si mon bien-être est détrui. Mais je me dis qu'il y peut-être moyen de régler certaines choses. Car je serais aussi mal de couper les ponts. Juste différemment.
@Celestine : Merci pour ce premier commentaire. Comme mentionné à Petite libellule, on a eu une grosse discussion. Bien que tout n'était p-être pas clair et posé. On verra. Pour l'instant, je prends du recul et je réfléchis. Merci.
@Patty : Et bien, ton message me touche aussi beaucoup. Vu ce que tu vis en ce moment, c'est apprécié ton petit message. Je pensais que mon billet disait beaucoup de choses. Mais je suis comme toujours bien silencieuse de faits... On a parlé. Je ne sais pas ce qui s'est rendu, ce qui a été compris. Je verrai. Et oui, ça m'affecte très fortement.
@Josie : J'essaie de me protéger. C'est difficile. Et couper les ponts me ferait aussi mal que d'essayer de maintenir je crois. Mais oui, les choses doivent changer. Je crois qu'il a saisi le message. Mais est-ce que ça donnera quelque chose de concret ?
@Autre Bob : Merci d'avoir partagé ça. Ce n'est pas l'option que je veux privilégier. Au contraire. Mais ça permet de réfléchir. Je ne décrirais pas mon frère comme un cas lourd comme tu le dis de ta soeur. Et je ne suis pas parfaite non plus. Mais je crois qu'ici, c'est à lui de faire davantage d'efforts. Je ne suis pas la seule personne à qui je considère qu'il manque de respect. Parfois, les gens ne voient pas toujours leurs actes clairement.
@Grimimi Sue : Je ne sais pas si je suis tolérante. De moins en moins je l'ai été avec les années. Mes réactions toujours plus vives. Mais peut-être que le message ne passait pas. Là, la dernière conversation en a été une très souffrante. Et pour l'instant, je me contente de laisser la balle dans son camps. Oh ! et sinon, je crois que tu confonds. Moi, c'est Martine, pas Mélanie. Héhé !

Anonyme a dit…

Juste un petit commentaire comme ca pour faire germer une hypothèse qui pourrait expliquer son comportement: je trouve que ses réactions sont très similaires à celles de quelqu'un qui est dépendant de drogues, et notamment le pot. C'est peut-être sa honte qui le pousse à te repousser...?

Kalte a dit…

"Nous sommes si souvent notre plus grand obstacle."...c'est aussi vrai pour ton frère. Bonne chance.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Anonyme : Pour savoir plein d'autres choses sur sa vie, je ne crois pas que ce soit ça non. Mais merci de l'hypothèse. Ç'aurait pu.
@Kalte : Oui, vrai aussi pour lui. Pour tous. Merci mon cher.

Une femme libre a dit…

Chose certaine, on ne peut pas changer les autres. Mais on peut se changer soi, faire en sorte d'être bien malgré le comportement des autres. Ça, on peut certainement. Il est parfois utile de demander de l'aide pour y arriver. J'ai déjà vu une psychologue brièvement pour ça. Pour dédramatiser, elle appelait la personne qui me faisait peur et devant laquelle j'avais de la peine à m'affirmer "le petit pit", alors qu'il s'agissait d'un homme grand et solide. Elle me demandait "Qu'est-ce qu'il a fait le petit pit? Encore une grosse colère?" Par la suite, quand l'homme en question se fâchait, je ne voyais plus qu'un petit pit de deux ans en colère, je souriais et ma peur disparaissait. Les colères ont cessé car elles n'avaient plus aucun effet. Merci psychologue!

Je comprends que vous ne vouliez pas couper les ponts avec votre frère unique. Quand vos parents vieilliront et auront besoin de vous, c'est utile d'être deux pour prendre les décisions et s'en occuper.

Une femme libre a dit…

Chose certaine, on ne peut pas changer les autres. Mais on peut se changer soi, faire en sorte d'être bien malgré le comportement des autres. Ça, on peut certainement. Il est parfois utile de demander de l'aide pour y arriver. J'ai déjà vu une psychologue brièvement pour ça. Pour dédramatiser, elle appelait la personne qui me faisait peur et devant laquelle j'avais de la peine à m'affirmer "le petit pit", alors qu'il s'agissait d'un homme grand et solide. Elle me demandait "Qu'est-ce qu'il a fait le petit pit? Encore une grosse colère?" Par la suite, quand l'homme en question se fâchait, je ne voyais plus qu'un petit pit de deux ans en colère, je souriais et ma peur disparaissait. Les colères ont cessé car elles n'avaient plus aucun effet. Merci psychologue!

Je comprends que vous ne vouliez pas couper les ponts avec votre frère unique. Quand vos parents vieilliront et auront besoin de vous, c'est utile d'être deux pour prendre les décisions et s'en occuper.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Femme libre : C'est là un commentaire fort sage. Car il est tout à fait vrai qu'on ne peut pas changer les autres. Mais on peut changer comment nous on agit, comment nous on perçoit les choses. Je verrai bien. Mais je vais essayer. Et oui, je ne veux pas couper les ponts. Mais je veux améliorer les choses.