samedi 11 mai 2013

L'essence de la vie

J'ai un mur devant moi. On pourrait aussi dire un grand brasier. Et je sens (sais?) que je vais foncer.

Pourquoi l'impression d'être en vie ne vient-elle trop souvent qu'en prenant des risques ?

Les gens heureux n'ont pas d'histoires dit-on. Est-ce vrai ?

Je ressens parfois des bouffées de bonheur. Quant tout s'aligne et qu'on dirait que la vie devient parfaite le temps de quelques secondes. Mais c'est toujours volatile. Je ne peux jamais vraiment y mettre les mains dessus. Ni y toucher, ni le sentir. C'est juste un emportement, le cœur qui grandit un peu. Si volatile.

Je ressens plus souvent du malheur. Ou du danger. C'est texturé. Ça prend de la place. C'est dense. L'envie de vivre ma vie comme s'il n'y avait pas de lendemain. De foncer dans la misère. De me jeter à pieds joints dans le feu. D'accélérer quand je vois le mur en face de moi. Parce que quand je fais ça, je touche à quelque chose. Je vis.

Je ne sais pas pourquoi ce qui fait mal, ou peut potentiellement faire mal, a plus d'intensité. Mais qui pourrait le nier ?

Il est paradoxal que ce qui nous fait sentir la vie en nous soit ce qui la menace le plus. Un danger nous rend alerte. Une mauvaise nouvelle nous fait nous rendre compte de la valeur de la vie. La peur de mourir nous apporte une nouvelle vision des choses.

Et on oublie.  Jusqu'au prochain danger. Jusqu'au prochain mur. Jusqu'au prochain brasier. Et on sent qu'on n'aura pas le choix. Qu'on foncera. Juste pour toucher un peu encore. Pour pouvoir saisir. L'essence de la vie.

4 commentaires:

Éphémère a dit…

J'ai une tendance à vivre ce que tu d'écris. Mais je crois que ce qui fait mal à plus d'intensité car la douleur est plus facile à reconnaître que le bonheur qui lui, agit plus subtilement. La douleur c'est beaucoup plus physique. C'est tranchant, mordant et ça laisse des cicatrices.

Le bonheur, c'est léger, doux, beau et soyeux. Moins poignant mais tout aussi intense si ont s'est le voir et le vivre.

Vivre dangereusement, ce n'est pas vivre. C'est jouer. La vie ce n'est pas l'euphorie tous les jours. La puissance. La vie parfois, c'est le calme et la beauté tranquille. C'est le sourire et le vent.

Je pense qu'à force de chercher le "high", on ne reconnait plus ce qui est important. Comme le sexe. Quand on a besoin de toujours plus pour avoir du plaisir, c'est qu'on a oublié ce qui était l'essence même de ce plaisir.

Vivre intensément oui, mais jouer avec la vie je dis non !

Le factotum a dit…

Je suis d'accord avec Éphémère.
La douleur est toujours plus percutante que le bonheur.
Acceptons le bonheur comme il vient, au jour le jour.

Jean-Pierre Hamel a dit…

« Il est paradoxal que ce qui nous fait sentir la vie en nous soit ce qui la menace le plus. »
- C’est tout à fait normal au contraire : l’espèce humaine n’a sans doute survécu qu’avec le secours de cet instinct de lutte pour la vie. C’est le signe le meilleur de la vitalité et quand il ne se manifestera plus, nous serons bien proches de la fin. C’est d’ailleurs bien connu qu’en temps de guerre il y a bien moins de suicides qu’en temps de paix : le danger est un stimulant de la vie.
Allons-nous en conclure qu’« à quelque chose malheur est bon » ? C’est dangereux parce que ça revient à bénir n’importe quoi. Mais ça permet de comprendre le goût de la prise de risque volontaire – goût cultivé d’ailleurs dans les entreprises (stage de saut à l’élastique pour les cadres commerciaux).
« L’essence de la vie » : comme vous le dites si bien, chère Impulsive Montréalaise…

L'impulsive montréalaise a dit…

@Éphémère : Faut que je te cite : "Vivre dangereusement, ce n'est pas vivre. C'est jouer." Brillant. J'ai juste ça à dire, brillant. Ça fait réfléchir. Pour le reste, on se rejoint sur toute la ligne. Mais cette citation ! :)
@Factotum : C'est juste que parfois j'aimerais que le bonheur arrive avec fanfare et trompettes ! Héhéhé !
@Jean-Pierre : Même si c'est commun à l'espèce humaine et vieux comme la terre, j'y trouve tout de même un certain paradoxe. Le goût de la prise du risque volontaire.... À réfléchir. Pourquoi a-t-on autant besoin d'adrénaline ? C'est dans nos gènes comme vous le dites. Au moins, un peu.