jeudi 10 mai 2012

Ne fais pas ça

Ne fais pas ça. Ne m'impose pas ça. Je déteste. Ça m'indispose. Je hais les eaux tièdes, les offrandes partielles, le manque de chaleur. Tu n'es pas comme ça. Ne m'impose pas cette merde. Ça me rend violente. Des envies de frapper, de sacrifier, de courir. Surtout courir.

Ça me rend folle ces envies de courir. Courir derrière. Courir après. Courir pour attraper. Courir vers. Sensation de manque. De désir. Qui réveille les vieux réflexes usés et fatigués. Qui les agitent, les torturent, les lancent sur les murs à toute vitesse, les brassent à spin, à en tourner la tête et vomir.

Je me jure chaque fois. Ne cours pas. Ne cours pas. Tu ne vaux pas ça. Tu ne vaux pas de courir derrière. De faire le mur des lamentations qui n'attrape jamais rien. De jouer du ridicule comme d'autres jouent d'un instrument de musique. Tu mérites de lever la tête et de détourner le regard. Mais tu observes pourtant. Fascinée. Tu veux. Tu veux tant. Voilà les beaux discours dans ma tête. Les tu et les je que je m'assène de toutes mes forces.

Mais c'est le désir. Il bat tout. Les tempes, les actions, le ventre, l'honneur. On se piétine pour un peu de désir. Pour l'espoir d'assouvir. Cesse. Ne m'impose pas ça. Cette façon d'offrir sans jamais rien donner. De donner sans jamais rien offrir. Je pense trop. J'invente sûrement. Et pourtant. Je te le demande. Ne m'impose pas ça. Ne me joue pas.

5 commentaires:

Jean-Pierre Hamel a dit…

Superbe texte ! Vous avez le talent de faire court, et ça c'est très difficile.
Ne changez rien ! Sauf si c'est une autre manière de vous exprimer.
J-P Hamel

mutuelle forum a dit…

c'est passionnant cet article.

Unknown a dit…

Ouf!
Quel magnifique texte!

Petite libellule a dit…

C'est comme une douce perte de contrôle, qui fait du bien autant qu'elle fait mal.

L'impulsive montréalaise a dit…

@Jean-Pierre Hamel : Quel charmant compliment. J'aurais beaucoup de difficulté à trop changer mon écriture. J'accouche des mots. Qu'ils soient graves ou plus légers.
@mutuelle forum : Merci beaucoup !
@Laluna : Héhé ! C'est gentil. Merci.
@Petite libellule : C'est une déchirure, oui. C'est doux, c'est la rage.