samedi 30 janvier 2016

Jeux de petite fille

J'ai les torrents et les vagues qui me renversent. Qui me traversent. Qui me bouillonnent les sens. Une brûlure sur l'âme au fer chaud. Des faux espoirs déjà déçus sur lesquels je me précipite comme une pur-sang écumante et rageante. J'ai faim, j'ai soif et j'ai chaud au fond de mes entrailles. On m'a entaillé comme on en entaille un érable. Pour en sortir le jus, en extraire la sève, en vider l'essence. Et je me soumets au jeu. Comme une guerrière avouée vaincue, comme une naine devant un géant, comme un cœur qui chavire pour des idioties de petites filles qui ont trop écouté  les contes pleine de princesses dans leur château.

Ces autres contes aussi, celles des petites filles qui ont des désirs, des envies renversantes, qui s'ouvrent comme une fleur, pour un sourire et quelques mots gentils. C'est un conte de grands. Dans lesquels, on joue parfois avec nos bottes trop petites et nos jupes en corolles. Pas parce qu'on est vraiment petite. Plutôt parce qu'on se sent miniature. Comme un petit portrait comme voudrait glisser dans la poche des inconnus pour trouver un petit coin chaud où se blottir les angoisses.

J'ai le corps qui éclate. Comme des bulles éclatantes. J'ai la volonté qui flanche et tangue. Prends une tangente vers les tréfonds. Se laisser aller. Juste un peu, juste un tout petit peu. Quelques mots, trop de mots, ceux qu'on dit, et l'immensité de ceux qu'on ne dit pas. Qu'on dissimule comme des cailloux dans nos besaces. Parce que si on se fait voler ça, il ne nous reste plus rien. Alors on se couvre la bouche à pleine main, on se retient les envolées trop vives, on se tait le besoin. Pour ne pas sombrer dans des bulles qui éclatent. Les petites filles qui jouent avec des allumettes, ça se brûle. On le sait trop bien. On a le corps plein de chairs qui sentent la fumée.

Mais on joue, on saute à pieds joints. On se divertie les soupirs à grand coup de plein au visages. On se viole l'intimité pour un peu d'attention et d'émotions. On se lance tête en l'air pour oublier les lancinants ennuis qui tuent. On se bat avec plein d'armes, on s'encombre de boucliers et on a peur que l'autre les fasse tomber trop vite. Parce qu'on aura baissé un peu la garde. Parce qu'on aura permis les attaques. Parce qu'on les aura souhaité. Parce que notre ventre criait sa famine.

2 commentaires:

Nanou La Terre a dit…

Je sens tout ton désarroi et la pureté en même temps. Ton écriture est si belle...

L'impulsive montréalaise a dit…

@Nanou : merci ! Quel commentaire qui me touche et me fait chaud au cœur.